Terrorisme : Egypte, Libye et maintenant la Tunisie !

Jeudi 19 Mars 2015 - 14:45

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L’Italie invite à une réflexion d’ensemble sur le terrorisme autour de la Méditerranée. L’attentat de Tunis a touché des intérêts et des citoyens italiens et européens.

Pas seulement la Libye ! C’est le sentiment général qui prévalait jeudi matin à Rome, au lendemain de l’attentat  contre le musée Bardo de Tunis dans lequel plus de vingt touristes ont péri. Parmi eux quatre Italiens alors que jeudi en début d’après-midi on continuait de s’interroger sur l’absence de deux autres touristes italiens qui n’avaient pas regagné les navires de croisière. C’est à bord de deux paquebots qu’ils faisaient un tour de la Méditerranée avec escale à Tunis et visite au célèbre musée Bardo.

Les autres victimes sont belges, polonaises, japonaises, britanniques et françaises notamment. Mais les Italiens ont subi les pertes les plus lourdes non seulement en termes de nombre de victimes mais aussi parce que les deux bateaux de croisière qui transportaient les touristes appartiennent à deux croisiéristes italiens. Les deux sociétés, la MSC et la Costa Croisières, ont d’ailleurs aussitôt décidé d’annuler l’escale de Tunis pour tous les paquebots italiens en croisière.

Les paquebots appartenant à l’une et l’autre société annonçaient jeudi matin qu’il manquait toujours une vingtaine de passagers à l’appel après l’escale de Tunis. Sont-ils parmi les victimes ou ont-ils décidé de ne plus remonter à bord après la tragédie au musée ? « La sécurité des passagers et de l'équipage est la priorité de Costa Croisières, et une condition indispensable pour offrir des vacances sereines et agréables », a assuré l’une des deux sociétés italiennes.

Les attentats de Tunis surviennent dans un contexte d’interrogation générale à Rome sur les moyens de mettre un terme au chaos qui règne en Libye, pays proche de l’Italie, géographiquement et historiquement. Le Premier ministre Matteo Renzi soulignait durant la semaine que l’Europe a tort de considérer la question libyenne comme se limitant à un simple  flux migratoire vers l’Italie à travers le chaos libyen. Car la mort de Mouammar Kadhafi en octobre dernier a aidé à l’expansion territoriale d’un mouvement terroriste comme l’Etat islamique qui se manifeste par des attentats aussi en Europe. En Italie, les manifestations de solidarité avec les familles des victimes des attentats de Tunis se multiplient. Mercredi soir, une émission de débats sur la chaîne de télévision publique RAI a atteint un auditoire de plus de deux millions de téléspectateurs selon des chiffres audimat. Un syndicat de la police a écrit à M. Renzi pour réclamer des cours de formation à l’antiterrorisme. Le nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) à Alger et à Tunis, Mgr Thomas Yeh Sheng-nan, appelle la Tunisie à ne pas céder aux actes qui pourraient « effacer le printemps arabe ».

C’est par la Tunisie que démarrèrent les mouvements qui devaient voir la chute en domino des régimes en Egypte et en Libye notamment et induire un bouleversement dont des pays comme la Syrie et même, dans une certaine mesure l’Irak, n’ont pas fini de pâtir. Le nonce apostolique a transmis les condoléances du pape à la Tunisie et noté que la situation au Maghreb était de plus en plus « complexe ». Car tout en étant une zone de visible aspiration à la démocratie, c’est aussi de là que sont partis ces derniers temps 3000 des militants de la terreur qui gonflent aujourd’hui les rangs de l’Etat islamique en Irak et en Syrie.

Lucien Mpama