Transport: la limitation de la vitesse bafouée à Kinshasa

Mardi 23 Mai 2023 - 17:06

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Dans les rues bondées et agitées de Kinshasa, tout se passe comme dans la cour du roi Pétaud. Chaque conducteur fait ce que bon lui semble. Comme la régulation de la circulation n'est pas faite, tout se réduit aux caprices des chauffeurs et à leurs délires d'enfants gâtés.

Des conducteurs qui prennent plaisir à slalomer avec leurs véhicules, à sauter le terre-plein, à brûler le feu rouge, à klaxonner à tue-tête, à voler la priorité, etc., ne se comptent plus. Ils font partie du quotidien des Kinois. Plus grave, la vitesse excessive sur les routes est devenue un rituel auquel ils ont souscrit, nonobstant les circonstances et la dangerosité que représente une telle pratique.

À Kinshasa, ne demandez pas à un chauffeur de taxi ou de taxi-bus de rouler lentement. C'est, à la limite, un blasphème lorsqu'on sait que le volume des recettes en fin de journée dépend de ses coups de pied sur l'accélérateur. Rouler vite, tourner vite, s’arrêter vite, redémarrer vite... Bref, faire tout en une fraction de secondes est la marque de fabrique des chauffeurs kinois réputés champions en troisième bande. Comme quoi, la sempiternelle expression « Chez nous, on roule en mbeba » aura laissé des empreintes chez la plupart des conducteurs qui prennent le volant sur les routes de Kinshasa et d'ailleurs. Et pourtant, la loi 78-022 du 30 août 1978 portant nouveau Code de la route - texte de base du droit routier congolais - régit la circulation routière en imposant certaines règles de conduite, notamment en matière de limitation de vitesse.

En effet, d'après l’article 18.2 du Code de la route, la vitesse maximale est limitée à 120 km/h, particulièrement sur des voies publiques à plusieurs bandes et à 90 km/h sur les autres voies publiques. Cependant, pour les bus et véhicules de transport en commun, la vitesse requise oscille autour de 75 km/h. Dans des espaces à forte densité humaine, la vitesse peut être ramenée jusqu'à 60Km/h afin de limiter les dégâts éventuels. Mais qui respecte ces prescrits de la loi ? Personne. Alors qu'elle est l’une des causes principales de graves accidents à Kinshasa et dans l'arrière-pays, l'excès de vitesse est paradoxalement l’infraction routière la plus banalisée et même impunie par les policiers de roulage. Bien que les textes réglementaires en matière de circulation routière condamnent l'excès de vitesse, aucune sanction ne suit véritablement dans la pratique. Il n’y a pas de sanction exemplaire contre les conducteurs qui contreviennent à la limitation de vitesse. Curieux!

Le fait qu'il n'existe quasiment pas non plus de panneaux de limitation de vitesse sur les routes de Kinshasa, ou encore des feux de signalisation censés avertir sur les priorités, rajoute la confusion. Des panneaux de signalisation routière doivent être dorénavant implantés aux abords des artères, sans oublier des feux aux intersections afin de rendre plus parlantes les routes muettes de Kinshasa. Et pour renforcer la sécurité routière, des aménagements devraient être effectués tels les ralentissements - dos d'âne -, pour tempérer les ardeurs des chauffeurs au volant. Il est donc grand temps que les autorités oeuvrant dans le secteur des transports restaurent la sanction contre certains comportements des conducteurs : l'ivresse et l’usage du téléphone au volant, l’excès de vitesse, le mauvais état technique du véhicule... Enfin, les recyclages des chauffeurs devraient être faits trimestriellement pour éviter toutes ces imprudences au volant.

Alain Diasso

Notification: 

Non