Vatican: des religions unies contre l’esclavage moderne

Mardi 2 Décembre 2014 - 17:30

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Chrétiens, Musulmans, Juifs, Hindouistes et Bouddhistes se rassemblent pour lutter contre l’esclavage, considéré comme un crime contre l'humanité.

Esclavage, « Crime contre l’humanité », le constat est unanime au sein de la communauté réligieuse mondiale dont les représentants se sont réunis au Vatican (Italie) mardi dernier par le truchement d'une conférence dont l’objectif était la signature d’une déclaration commune. Déclaration dans laquelle les leaders religieux ont manifesté leur volonté commune de lutter contre l’esclavage aujourd’hui sous toutes ses formes. Cohérent avec son engagement contre la manière de traiter la question de l’immigration en Europe, dont la traite moderne des êtres humains est une corolaire, le pape François a indiqué que cet engagement devait regarder « toutes ses formes, économiques, psychologiques, sexuelles », jusque  « dans le tourisme ». Car l’esclavage est aussi diversifié que varié. Le rapport « Global Slavery index 2014 » indique qu’aujourd’hui 36 millions d'hommes, de femmes, d'enfants, sont concernés à travers le monde, en particulier par le travail forcé et l'exploitation sexuelle. Le phénomène est donc vaste et il gagne tous les secteurs. Dans les vagues d’immigrés qui abordent les côtes italiennes chaque année, les services spécialisés comptent un nombre important d’hommes, de femmes et même d’enfants qui ont été pris en main par des réseaux de passeurs et ont dû payer.

Un membre du gouvernement égyptien reconnaissait récemment qu’il existe dans ce pays une véritable « mafia » de passeurs. Et tous les pays, de provenance et de transit, présentent la même réalité d’existence d’organisations criminelles qui prospèrent sur le dos du désespoir de migrants prêts à tout, même à vendre une partie de leur corps, pour parvenir à gagner l’Europe. Migrants massacrés dans les déserts ou dans des hôpitaux malfamés afin de prélever leurs organes, jeunes femmes violées et rendues enceintes par des passeurs : l’esclavage d’aujourd’hui va jusqu’à de telles horreurs. « Nous nous engageons aujourd'hui à faire tout ce qui est en notre pouvoir, au sein de nos communautés religieuses et au-delà, pour travailler ensemble pour la liberté de tous ceux qui sont réduits en esclavage et victimes de traite, afin de leur redonner un avenir », ont annoncé les leaders  réligieux. En effet, Chrétiens (catholiques, anglicans et orthodoxes), Juifs, Musulmans (sunnites et chiites), Bouddhistes et Hindous ont semblé adhéré à l’idée d’une compassion. Et cela au nom, a dit Benjamin Skorka, rabbin de Buenos Aires (Argentine) de « l’unique Père » (Dieu).

« Ce sont nos frères, nos sœurs, nos fils, nos filles qui sont exploitées: en cette époque de mondialisation, ce qui arrive à l'un d'eux arrive à nous tous », a déclaré  Bhikkhuni Thich Nu Chan Khong, représentante du bouddhisme. Le patriarche orthodoxe de Constantinople, Bartholomée 1er, a fortement appelé à ne pas séparer lutte contre la dégradation de l’environnement et lutte contre l’esclavage car ce sont « les deux faces d'une même médaille ». On ne peut légiférer et fixer des normes pour l’une et laisser l’être humain en jachère alors qu’il est le centre de la création.

La réunion des chefs religieux au Vatican s’est tenue à l'initiative du réseau du magnant australien des mines, Andreww Forrest. Son réseau, « Global Freedom Network », cherche en particulier à convaincre les multinationales de garantir l'exclusion de toute forme d'esclavage moderne dans leur chaîne d'approvisionnement. Le Vatican s’est joint d’autant plus volontiers à cette vision que le voyage du pape François en Turquie, le week-end dernier, a été aussi l’occasion d’appeler les religions, surtout l’islam, à faire bouger les lignes devant tous les méfaits surtout lorsqu’ils sont perpétrés au nom de Dieu.

Lucien Mpama