Vatican : pape cherche Premier ministre

Vendredi 30 Août 2013 - 20:00

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Sans en donner l’air, le pape François continue de secouer la hiérarchie de l’Église. Il donne à voir les signes de sa volonté de changement

Lorsqu’il a accédé à la papauté en mars dernier, le pape actuel avait laissé comprendre qu’il voulait prendre le pouls de la situation avant d’amorcer des changements. Notamment, il avait demandé aux responsables de l’administration nommés par son prédécesseur Benoît XVI de rester à leurs postes, le temps de voir. S’il a commencé à nommer quelques évêques dans le monde (entre autres celui de Dolisie, au Congo), le pape n’a pas encore opéré de gros bouleversements visibles à  la Curie romaine. Ou, à tout le moins, les changements et relèvements auxquels il a procédés jusqu’ici ne sont pas de nature trop voyante.

Or de tout temps, un pape se reconnaît aussi par le choix qu’il porte sur le cardinal-secrétaire d’État – son « Premier ministre ». Ce poste envié, autant que délicat, a vu se succéder des noms de haute stature : Eugenio Pacelli y est passé avant de devenir le pape Pie XII ; l’histoire a également retenu le nom du Français Jean-Marie Villot, secrétaire d’État du pape Paul VI pendant dix ans. Ou encore celui du cardinal italien Agostimo Casarolli, successeur du cardinal Villot en 1979, jusqu’en 1990. L’actuel cardinal-secrétaire d’État est l’Italien Tarcisio Bertone. Vrai ou faux, les journaux italiens croyaient savoir vendredi que son ère était désormais passée. Que le pape lui cherche actuellement un remplaçant…

À vrai dire, les prétendants sont nombreux même s’il n’est pas dans la coutume vaticane de venir sur la place publique proclamer ses ambitions. L’adage que l’on rappelle au début de tout conclave (lorsque les cardinaux se réunissent pour élire un nouveau souverain pontife) et selon lequel « tout cardinal qui entre pape au conclave en ressort évêque », reste vrai pour n’importe quelle autre fonction au Saint-Siège. Qui s’y agite pour un poste et proclame ouvertement des intentions est automatiquement « grillé » par la censure de la coutume plus que par la réprobation véhémente des confrères.

Aussi faut-il prendre pour ce qu’elles sont les rumeurs véhiculées par les médias (italiens) ces dernières heures lorsqu’ils avancent que le successeur de Tarcisio Bertone sera connu mi-octobre. Et que ce sera Mgr Pietro Parolin. Actuellement nonce apostolique au Venezuela, Mgr Pietro Parolin présente, il est vrai, le profil idéal pour le pape actuel, argentin né de parents italiens. Mgr Parolin est né en Vénétie en 1955 et a baigné dans une culture plutôt francophone. Après avoir suivi la formation des futurs diplomates du Vatican, il a longtemps été le sous-secrétaire du Saint-Siège pour les rapports avec les États à la Secrétairerie d’État (primature).

À ce poste, il a été l’interlocuteur direct de beaucoup d’évêques et de plénipotentiaires congolais et africains au Vatican, il a mis à la main à la pâte chaque fois qu’il s’est agi de préparer une rencontre entre le souverain pontife et un chef d’État ou de gouvernement. Il était l’œil et l’oreille de l’Afrique au Vatican (ou l’inverse), servi en cela par une parfaite connaissance des langues étrangères les plus courantes, le français étant pour lui la langue de son enfance. On devrait savoir bientôt si les pronostics de la presse sont justes. Mais elle, prudente, a aussi avancé d’autres noms de substitution pour le cas où ses prévisions seraient prises en défaut. La presse avance donc aussi le nom du cardinal Giuseppe Bertello, actuel président du gouvernorat du Vatican et, encore une fois, le Hondurien Rodrigues Maradiaga. Archevêque de Tegucigalpa et président de Caritas Internationalis, il est de toutes les sauces au Vatican chaque fois qu’il a été question de choisir le successeur d’une personnalité de poids.

Lucien Mpama