VIH/sida : la rupture de stock d'antirétroviraux devient alarmante

Mercredi 27 Novembre 2013 - 10:45

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Depuis plus de huit mois, la prise en charge médicale des malades du sida connaît des dysfonctionnements dans la fourniture des antirétroviraux et réactifs. Face à cette situation catastrophique, le Réseau national des associations des positifs du Congo (RNAPC) et d’autres acteurs impliqués dans la lutte contre le VIH ont rencontré, le 26 novembre, l’épouse du chef de l’État, Antoinette Sassou N’Guesso, pour solliciter son aide afin qu’une solution soit rapidement trouvée

« Pour améliorer leurs conditions de vie, les personnes vivant avec le VH ont besoin d’une prise en charge globale qui vise particulièrement à leur assurer de façon durable l’accès aux thérapeutiques antirétrovirales. Aujourd’hui, et sur la base d’un constat, cet objectif est loin d’être atteint au regard de la situation qui prévaut dans notre pays », a déclaré dans son discours Valérie Maba, présidente du RNAPC.

En effet, la dotation en antirétroviraux que les personnes vivant avec le VIH se procurent dans différents centres de santé au Congo est devenue incertaine. Alors qu’elle devait être trimestrielle, la dose est désormais limitée à dix comprimés en moyenne par patient. Dans certains centres, comme l’hôpital Adolphe-Cisé de Pointe-Noire et l’hôpital de base de Tié-Tié, la rupture est totale.

Pire encore, explique Valérie Maba : depuis le 15 novembre à Pointe-Noire, les enfants nés de mères séropositives ne reçoivent plus de doses d’AZT pouvant les protéger d’une éventuelle transmission du VIH alors qu’ils sont allaités, comme le recommande de l’Organisation mondiale de la santé. À cette situation s’ajoute l’absence de réactifs nécessaires aux examens biologiques, interrompus pour la majorité des malades depuis plus d’un an.

Les conséquences sont multiples. Pour ne parler que de Kinkala, dans le département du Pool, 19 décès ont été enregistrés au cours de l’année. L’association Avenir positif à Pointe-Noire a compté 45 décès d’enfants, dont 37 âgés de moins de 14 ans, en raison du non-respect des schémas thérapeutiques et des résistances.

« La situation est très grave et n’a que trop duré. Les malades supportent les conséquences de ces ruptures et beaucoup d’entre eux ont dû changer de traitement. Il faut revoir toute la chaîne de gestion des médicaments », s’est indigné le père Bernard Diafouka, acteur de la lutte contre le sida.

À l’issue de cet entretien, plusieurs recommandations ont été soumises à l’épouse du chef de l’État, entre autres : résoudre la crise, faire obligation à chaque maillon de la chaîne de gestion des médicaments de jouer pleinement son rôle, créer un compte spécifique destiné à l’achat des médicaments liés au VIH, le paludisme et la tuberculose. Visiblement émue, Antoinette Sassou N’Guesso, en sa qualité de présidente nationale de l’Organisation des premières dames d’Afrique contre le sida, a pris acte de toutes ces doléances, assurant qu’une solution serait trouvée.

Selon les statistiques officielles, le Congo compte à ce jour 38 500 personnes séropositives. Parmi elles, 17 234 sont sous antirétroviraux et sont prises en charge dans 56 sites sur les 77 prévus.

La réunion s’est déroulée en présence de Marie Franck Purhuence, conseillère du président de la République à la santé et à la population et secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), ainsi que des membres de la fondation Congo Assistance.

Lors de la prochaine réunion, toute la chaîne impliquée dans la gestion des médicaments – les ministères des Finances, de la Santé, la Congolaise des médicaments essentiels et génériques, le secrétariat exécutif du CLNS, le Programme national de lutte contre le sida, etc. – viendra sans doute donner des éclaircissements sur cette situation dramatique.

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

La rencontre avec la première dame du Congo (© DR).