Violences faites aux femmes : Marlène veut tourner une page de son histoire

Jeudi 2 Décembre 2021 - 18:58

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Le drame de Marlène, 25 ans, vous coupe le souffle comme le ferait un coup de poing dans le thorax. Violée par le conjoint de sa petite sœur, elle sort de ce viol escamotée : coups et blessures, visage défiguré, douleurs musculaires, des stigmates qui s’estompent avec le temps. Un drame qui l’aura laissé un œil au beurre noir, marque qui lui rappellera toujours cette malheureuse journée.

Violée en octobre dernier, Marlène est la preuve vivante que quelles que soient la nature et les circonstances d’un viol, on peut retrouver goût à la vie, être à nouveau heureuse et se réconcilier avec son corps. « Je suis la preuve vivante qu’on peut revivre après un tel dramemais cela n’a pas toujours été ainsi », explique Marlène qui croit que la clé majeure de la reconstruction est de garder espoir en des lendemains meilleurs, « même si sur le moment on se sent morte de l’intérieur », souligne-t-elle.

Droguée, battue, étranglée et violée, l'histoire de Marlène est invraisemblable.  Il y a un mois, son beau-frère la convainc de l’accompagner dans un bar où elle devait rencontrer l'ami de celui-ci qui s’intéressait à elle. Mensonge ! « Je ne pouvais pas me douter qu’il s’agissait d’un piège parce que dans la famille, on le considérait comme un grand frère », informe la jeune fille qui en attendant le prétendant accepte de prendre une bière puis une seconde proposée par son beau-frère. Après un rapide tour aux toilettes, elle remarque que sa boisson a un goût étrange.

« J’interroge mon beau-frère, il m’invente une raison et comme je n’avais pas d’appréhension, j’ai pris un second verre, c’est alors que j’ai commencé à sentir des vertiges et une lourdeur au niveau du corps ; j’ai fermé les yeux, j’étais dans une semi inconscience. Profitant de mon état, celui-ci m’a transportée dans une chambre et c’est quand il m’a jetée sur le lit que je me suis rendue compte de ce qui se passait », raconte Marlène anéantie qui, malgré ses cris et supplications, était prise entre les mailles de son agresseur.

« Alors, j’ai commencé à me débattre, comme je résistais, il a commencé à me donner des poings au visage, au même moment, il essayait de me déshabiller… Il m’avait tellement frappée que je n’arrivais plus à résister et il a abusé de moi. Ce sont mes cris qui ont alerté l’assemblée dehors, pris de peur il m’a lâché et je me suis enfuie de la chambre », explique-t-elle.

Visage enflé, bouche déformée, sang dégoulinant des narines et oreilles…Paniqué, le gérant alerte la police et celle-ci les embarque au PSP de Mouhoumi, dans le 7e arrondissement, où elle fait sa déposition. « Le personnel sur place m’a bien accueillie et m’a offert des médicaments pour calmer les douleurs », a fait noter cette dernière qui retrouve ses parents au petit matin. « Une longue et pénible journée commence entre l’hôpital ou j’ai fait une série d’examens, puis on est orienté au guichet unique à Azur développement ou j’ai été entièrement prise en charge tandis que mon beau-frère, lui, avait été transféré à la maison d’arrêt en attente d’un jugement », raconte la jeune fille.

Cependant, les rapports avec sa petite sœur ne sont pas au beau fixe. « Le fait qu’elle banalise ce qui m’est arrivé m’a beaucoup peinée. Selon elle, je suis venue briser son ménage » a révélé Marlène qui se méfie désormais d’elle. En effet, quand la personne violée est considérée comme une victime, cela l’aide à se débarrasser de toute culpabilité, a fait noter Bonelie Nganongo, du guichet unique Azur développement/Brazzaville. « Culpabilité d’avoir été une proie, d’avoir fait semblant d’être consentante pour rester en vie, ne pas avoir été capable de se défendre, d’avoir été manipulée…Malheureusement la liste est longue », a-t-elle fait savoir

En outre, si le passage par la case judiciaire est essentiel, il ne garantit pas pour autant la guérison de la victime « car en cas de doute ou de prescription, il profite au présumé coupable », a fait noter Prudence à la magistrature. « Décider donc de pardonner pour avancer est un acte fort que beaucoup ne comprennent pas. Certains auraient souhaité voir le coupable périr en prison alors qu’il va d’ici peu être en liberté provisoire », a indiqué la mère de la victime. Une décision qu’elle ne regrette pas, mais seulement Marlène a peur pour sa sécurité. « J’ai peur qu’il nous recherche pour nous nuire parce qu’il est très rancunier, c’est pourquoi j’envisage repartir à Pointe Noire dès que cela sera possible », a-t-elle laissé entendre.

Enfin, si Marlène a repris goût à la vie, elle n’est pas pour autant prête à se mettre en couple. « J’ai maintenant comme un dégoût pour les hommes, si je dois me mettre avec quelqu’un, ça sera une personne qui craint Dieu », a fait savoir cette dernière qui demande aux jeunes filles d’être prudentes. « Ne faites confiance à personne, je ne pouvais pas imaginer que mon beau-frère puisse me violer, c’était devenu comme un membre de la famille », a fait noter cette dernière qui certifie avec véhémence qu’on peut renaître, se reconstruire après un viol car « chaque chose qui arrive, Dieu le permet, pour peut-être nous ramener vers lui ».

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Tourner le dos à son passé/DR

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