25e baromètre du CIAN : les États africains doivent faire plus !

Mardi 28 Janvier 2014 - 14:30

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En partenariat avec le Moniteur du commerce international, le Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN) sort son rapport 2014 sur les entreprises françaises en Afrique. Si le business est florissant, la perception de l’environnement des affaires se dégrade car les attentes des opérateurs ont changé

Selon Alexandre Vilgrain, président du CIAN, les notes évaluant le climat des affaires en Afrique diminuent malgré les améliorations vécues sur le terrain, car les attentes des opérateurs sont beaucoup plus importantes. « Aux "vieux Africains" installés sur le continent depuis plus de 50 ans, ont succédé des gens qui viennent de l’extérieur, que ce soit des Africains de la diaspora qui rentrent après avoir vécu en Europe ou aux États-Unis ou bien des cadres internationaux qui ont travaillé auparavant en Asie ou en Amérique latine. Ils ont plus d’exigence et attendent beaucoup des pays africains », explique-t-il. C’est en effet la première fois en dix ans que la plupart des notes passent en dessous de la moyenne sur la majorité des indicateurs. Les points faibles sont la distribution électrique, l’efficacité de l’administration, le système judiciaire, l’impact du secteur informel, la corruption et la protection de l’environnement.

Toutefois l’Afrique reste attractive et les entreprises françaises présentes sur le continent se portent très bien : leurs chiffres d’affaires et leurs investissements augmentent. Autre enseignement de ce rapport, contrairement aux idées reçues, les partenaires africains sont fiables pour le règlement des factures. L’Afrique centrale se détache du lot. Elle est la première zone d’investissement ainsi que la zone géographique la plus rentable, notamment le Cameroun et le Congo-Brazzaville. « En Afrique l’absence de visibilité est compensée par la rapidité du retour sur investissement », précise Alexandre Vilgrain. « Les pays africains ont une capacité de rebond formidable. Il y a beaucoup d’investissement, il y a plus d’argent qui rentre en Afrique que d’argent qui en sort, ce qui ressemble au phénomène chinois dans les années 1980 », poursuit-il. Cependant les choses pourraient aller encore mieux avec des administrations plus efficaces. « L’Afrique a du mal à avoir une croissance à 9/12% comme cela devrait être le cas car les administrations ont été déstructurées par les réajustements structurels. Les administrations ont diminué de 40% dans ce processus mais ce sont souvent les meilleurs administrateurs, formés à l’occidentale, qui en ont fait les frais et qui sont partis. Il faudra du temps pour s’en remettre », selon Alexandre Vilgrain.

La solution préconisée par le CIAN réside dans la création des Economic development board, ces instances créées pour faciliter les investissements étrangers qui existent par exemple au Japon ou à Singapour. Car loin de l’idéologie néo-libérale, la recette du développement réside dans l’implication forte de l’État. C’est cette méthode qui a permis aux pays asiatiques, qui jusque dans les années 1950 se classaient derrière l’Afrique en termes de développement, d’opérer leur décollage économique.

La France reste un acteur commercial de poids pour l’Afrique. Pour Stéphen Decam, Secrétaire général du CIAN, si la France recule en proportion dans les pays francophones, elle augmente dans les pays anglophones et lusophones qui tirent la croissance du continent. Cependant l’effondrement industriel de la France, qui ne fabrique plus certains produits pourtant prisés sur le continent, entraîne nécessairement pour ce pays des pertes de parts de marché. Toutefois, il y a un besoin d’Afrique et nouvelle appétence pour ce continent autrefois délaissé qui se traduit par les 21 nouvelles adhésions enregistrées en 2013 par le CIAN, dont celle du géant des cosmétiques L’Oréal. L’Afrique en effet est une zone de croissance économique dans un monde marqué partout par la récession ou des économies atones, avec une classe moyenne qui est en train d’émerger et qui constitue autant de nouveaux consommateurs pour les firmes occidentales.

Le CIAN est une organisation patronale fondée en 1979. Elle regroupe 120 sociétés françaises opérant sur le continent. Leur rapport annuel sur les entreprises françaises implantées en Afrique est élaboré sur la base d’un questionnaire envoyé aux différents acteurs de la présence française sur le continent : chefs d’entreprise, ambassades, services de l’aide au développement. Ce rapport présente le ressenti des opérateurs de terrain. En 2014, 31 pays ont été évalués, dont le Congo Brazzaville et le Congo Kinshasa.

Rose-Marie Bouboutou