Portrait : Christine Mabeta K, la femme derrière À nous deuxSamedi 13 Septembre 2025 - 16:44 Le vacarme des verres qui s’entrechoquent, les éclats de rire d’un groupe d’amis, l’odeur d’un poisson braisé qui embaume l’air… À Pointe-Noire, dans l’immeuble Moka, le restaurant-bar "À nous deux" est devenu, au fil du temps, un refuge chaleureux. Mais derrière les tables dressées et l’ambiance conviviale se cache une histoire singulière : celle d’une femme qui a choisi de transformer une épreuve personnelle en un projet de vie.
Loin d’être un simple choix professionnel, À nous deux devient un acte de survie, une déclaration d’indépendance et de résilience. Si l’idée paraît séduisante, la réalité de la restauration est tout autre. Christine en fait l’expérience chaque jour. Derrière le sourire de l’hôtesse, il y a la rigueur d’une gestionnaire et la combativité d’une battante. « Il faut avoir les nerfs solides, sinon tu craques. Les taxes, les prix qui flambent, le personnel parfois peu fiable, les clients qui discutent toujours les tarifs… c’est un combat permanent », raconte-t-elle avec franchise. Dans ce restaurant, elle est à la fois gérante, comptable, formatrice, parfois même « policière » lorsqu’il s’agit de rappeler à l’ordre ses employés. Cette polyvalence, épuisante mais nécessaire, est devenue sa seconde nature. Entre concurrence et fidélité La scène culinaire de Pointe-Noire est dynamique, mais aussi saturée. Restaurants, snack-bars, buvettes : les enseignes se multiplient et se disputent une clientèle dont le pouvoir d’achat s’est amenuisé. Autrefois, les familles venaient nombreuses s’attabler, partager un plat et un moment de détente. Aujourd’hui, les budgets serrés dictent de nouveaux comportements : les sorties se font plus rares, plus calculées. Face à ce défi, Christelle s’accroche à ce qui fait la singularité d’À nous deux : une carte soigneusement pensée, un accueil qui fait sentir chaque client attendu, et cette volonté farouche de se démarquer. Dans l’adversité, ce sont les petites lumières qui maintiennent l’élan. Un sourire reconnaissant d’un client fidèle, une soirée réussie, un mois où les comptes s’équilibrent : ces instants donnent à Christelle la force de poursuivre. « J’ai souvent pensé à abandonner, mais à chaque fois je trouve une raison de continuer. Si j’ai commencé, ce n’est pas pour rien », affirme-t-elle avec détermination. Chaque victoire, aussi modeste soit-elle, devient un jalon sur le chemin d’un rêve plus grand. Aujourd’hui, À nous deux est bien plus qu’un simple commerce. C’est le miroir du parcours de sa fondatrice : courage, persévérance et résilience. C’est aussi un message silencieux adressé à toutes celles qui hésitent encore à se lancer : les épreuves, aussi rudes soient-elles, peuvent se transformer en tremplin. Le rêve de Christine ? Voir son établissement prospérer, en vivre pleinement, mais aussi inspirer d’autres femmes. « Si moi j’ai pu trouver la force de me relever, alors d’autres le peuvent aussi », dit-elle. Dans l’immeuble Moka, au cœur de Pointe-Noire, À nous deux continue d’écrire son histoire. Non pas celle d’un simple restaurant, mais celle d’une renaissance portée par une femme décidée à transformer ses blessures en victoire.
Berna Marty Légendes et crédits photo : Christine Mabeta K Notification:Non |