Algérie–France : Paris renforce les visas étudiants malgré la brouille diplomatique

Jeudi 9 Octobre 2025 - 21:00

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Alors que les relations entre la France et l’Algérie traversent une nouvelle période de tensions, Paris a choisi de maintenir - voire d’augmenter - le nombre de visas étudiants accordés aux Algériens cette année.

Une décision assumée par le Quai d’Orsay comme un geste d’ouverture envers la société civile, malgré une dégradation notable du dialogue diplomatique avec Alger. « Il faut faire la différence entre un régime avec lequel nous avons des différends de politique étrangère et la société civile », a déclaré Pascal Confavreux, porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Cette posture s’inscrit dans une stratégie d’influence, alors que la France reste la 7ᵉ destination mondiale pour les étudiants étrangers, avec 329 000 inscriptions en 2025. L’accueil d’étudiants algériens est vu comme un levier d’intelligence économique et diplomatique, visant à former des élites francophones et à renforcer la présence française dans un Maghreb de plus en plus convoité.

Sanctions ciblées contre le régime

En parallèle, la France a suspendu l’accord bilatéral de 2013 qui permettait aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de voyager sans visa. Cette mesure de réciprocité répond à la décision unilatérale d’Alger en début d’année. Les conditions d’octroi de visas pour ces catégories ont été durcies, et une coordination européenne vise à empêcher tout contournement par l’espace Schengen. Cette dualité illustre la ligne française : sanctionner les blocages institutionnels (Notamment le manque de coopération sur les expulsions de migrants en situation irrégulière) tout en maintenant des ponts stratégiques avec la jeunesse.

30 % de visas en moins au total

En revanche, le volume global de visas délivrés aux Algériens baissera de 30 % cette année. Ce recul est lié aux restrictions imposées par Alger à l’activité des consulats français, qui ralentissent mécaniquement le traitement des demandes.

Dans un contexte de brouille durable, de mémoire sensible et de coopération migratoire difficile, la France choisit une diplomatie à deux vitesses : fermeté envers les institutions, attractivité envers les talents. Une stratégie de long terme, mais à l’équilibre fragile.

Noël Ndong

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