Affaire père Gratien : le procès se poursuit

Lundi 17 Octobre 2016 - 20:45

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Les avocats du prêtre d’origine congolaise continuent de dénoncer un dossier vide ; le juge continue de son côté de camper sur son intime conviction.

Le juge Marco Dioni avait parlé pendant plus de 6 h le 30 septembre dernier, en étalant le dossier qui désignait, selon lui, le père Gratien Alabi comme responsable du meurtre de Mme Guerrina Piscaglia. Celle-ci, femme du bedeau de la paroisse Ca Raffaello d’Arezzo, en Toscane (centre-nord de l’Italie), a disparu il y a deux ans sans laisser de traces. Pour la justice italienne et la presse, la dame tombée follement amoureuse du moine congolais a été tuée par celui-ci et son cadavre caché quelque part dans un bois.

C’est cette thèse que l’avocat de la défense, Me Rizzieri Angeletti, s’est méthodiquement employé à démonter vendredi, lors d’une autre audience de ce procès qui tient média et opinion en haleine depuis un peu plus d’un an. Vous parlez d’un assassinat: où est le cadavre? Où est le mobile ? Quelles preuves avez-vous de l’implication du père Gratien ? a-t-il demandé en substance. « Nous sommes ici à la limite de la fable ! Je ne voudrais pas qu’on arrive à fabriquer une preuve par le conditionnement médiatique des consciences ; un conditionnement fort et clair jusqu’ici », a tonné Me Angeletti dans la salle d’audiences de la Cour d’assise d’Arezzo. Présent dans la salle, le père Gratien a continué à suivre ces débats avec un accablement évident, lui qui continue de se dire que la justice italienne finira par dire le droit en sa faveur.

Pour les avocats, devant la vacuité du dossier de l’accusation, le tribunal n’aura qu’une décision à prendre : la relaxe pure et simple du moine. Car, ont-ils fait valoir, le mobile porté au tribunal pour accabler le prêtre ne tenait pas la route. Qui peut croire qu’un prêtre, tranquille dans savie, pouvait tuer son amante au seul motif qu’elle était trop insistante ! Tous les indices portés devant la cour par l’accusation sont circonstanciels et ne tiennent pas debout, ont martelé les avocats défenseurs.

Tout autre est, par contre, le témoignage de 5 personnes, ont-ils fait valoir. Les 5 témoins qui ont déposé devant la cour ont affirmé sous serment que le jour du drame, en mai 2014, la dame Guerrina avait bel et bien été vue par eux marchant le long de la route Marecchiese. Et cela à l’heure à laquelle l’accusation établit la mort supposée de la disparue ! Quelle est cette personne qui est morte avant d’avoir été tuée, ont demandé avec malice les hommes en tauge ! « Nous aurions à faire à un délit complexe », a souligné Me Angeletti. « Car il présuppose l’assassinat de la femme, et surtout la disparition de son cadavre dans une forêt, aux abord d’une route passante, dans une localité où se tenait qui plus est une fête foraine de village ! ». Il a également d’autres incongruités dans cette « étrange » disparition : sa carte d’identité a disparu de sa maison, avec le cadavre lui-même. Au vu de ces étrangetés, l’avocat a balayé de la main les 27 ans de prison ferme requis par le juge, affirmant que la voie de logique et de justice commandait d’innocenter le prêtre ! Tout simplement. Verdict vers la fin du mois.

Lucien Mpama

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