Développement : l’alimentation scolaire, un défi pour l’Afrique

Lundi 4 Avril 2016 - 14:20

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Sous l’impulsion de la Commission de l’Union africaine (CUA) de concert avec les Etats membres et les partenaires au développement, l’Afrique a célébré récemment à Niamey, au Niger, le lancement de la 1ère  édition de la Journée africaine consacrée à l’alimentation scolaire (JAAS).

L’intitulé du thème était : « l’alimentation scolaire liée à la production locale, vecteur de développement durable en Afrique ». Il s’agit de reconnaître la valeur de l’alimentation scolaire liée à la production locale pour maintenir davantage les enfants à l’école et améliorer leur performance scolaire, et stimuler la production de revenus et l’entrepreneuriat dans les collectivités locales.

1% des budgets nationaux pour étendre les cantines scolaires en Afrique centrale et de l’Ouest

Les ministres de l’Education des pays francophones d’Afrique centrale et de l’Ouest se sont engagés, à œuvrer pour  consacrer 1% des budgets nationaux à l’alimentation scolaire avec le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), lors de la 16ème édition du Forum mondial pour l’enfance et la nutrition à Johannesburg en Afrique du Sud.

Aujourd’hui seulement 15% des enfants en âge scolaire des 19 pays concernés bénéficient de l’alimentation scolaire. Or, les cantines doivent servir d’élément essentiel pour un paquet intégré d' activités, incluant les interventions en matière de santé, nutrition et protection de l’enfant et une plateforme pour la mise en œuvre d’un programme de développement communautaire.

La nutrition, un facteur déterminant pour transformer l’enfant africain

Selon une étude sur le coût de la faim, la nutrition des enfants peut constituer un facteur déterminant dans la réalisation de l’agenda visant à transformer l’Afrique. En tant que l’une des rampes de lancement de l’Agenda 2063, la JAAS doit être vue comme une opportunité visant à prévenir le taux élevé de décrochages scolaires, idée bien développée dans la Stratégie continentale de l’éducation pour l'Afrique, indiquent les experts.

Afin de promouvoir des habitudes alimentaires saines pour toute la vie, d'autres éléments au-delà de la portée des programmes de repas scolaires et de la demande structurée pour l'agriculture familiale devront être pris en compte. Pour aider les gouvernements à atteindre ces objectifs, la FAO a mis en place des cadres politiques et réglementaires relatifs à l'alimentation scolaire et la nutrition qui intègrent et renforcent mutuellement les composantes des repas scolaires: fourniture des menus sains ; priorité aux aliments provenant de l'agriculture familiale; éducation et formation alimentaire et nutritionnelle; jardins scolaires; environnement favorable à la nutrition et la santé.

Mais de nombreuses autres activités liées à l'alimentation scolaire et la nutrition affectant le développement des enfants, particulièrement du point de vue de la santé, doivent  être remarquées, poursuivent les experts, notamment l’éducation à la santé, le déparasitage, le suivi de l'état de santé et l'état nutritionnel, l’exercice et la récréation, ainsi que d'autres interventions touchant à la santé publique par exemple la prévention de la malaria.

Evaluation des programmes de cantines scolaires au Sénégal

L’étude porte sur 120 écoles primaires en milieu rural,  de 4 régions les plus pauvres du Sénégal, qui n’ont jamais été dotées de cantines scolaires à travers « une expérience randomisée ». Il s’agit des élèves allant du CP au CE2. De l’étude, on peut relever que la cantine impacte plus sur les compétences cognitives, sur les compétences en mémorisation et en raisonnement, et  ont des effets externes positifs sur l’apport alimentaire. Au regard des résultats, « la généralisation des cantines scolaires peut être un moyen efficace d’accélération des progrès vers une éducation de qualité pour tous ».

Cameroun: un modèle multisectoriel national en élaboration

L'alimentation doit être un droit fondamental au même titre que l'éducation ; elle prédispose à l'attention et conditionne l'apprentissage. C’est dans ce contexte que le ministère camerounais de l'Education de base a instruit l'élaboration d'une politique nationale de l'alimentation scolaire. En amont, toutes les parties prenantes ont été identifiées, en vue d’une meilleure implémentation, une validation des différents axes stratégiques, les types d'investissement arrêtés et un plan d'actions proposé. Mais l’approvisionnement des cantines scolaires est un autre défi. On est convaincu ici que la nutrition de l’enfant en milieu scolaire va baisser le taux d'absentéisme et l'abandon précoce.

Le Niger : un creuset en Afrique

Ce pays a mis en place un programme nutritionnel où les repas fournis aux écoliers sont fortifiés avec des micronutriments et des vitamines ; une production locale à travers les achats locaux de mil, sorgho ou haricot chez des petits producteurs. Ce qui permet de servir aux écoliers les aliments de leur propre milieu, d’améliorer les revenus des petits producteurs et de booster leur production. Le PAM prévoit d’assister plus de 2000 écoles rurales au Niger à l’horizon 2016. La question principale est la suivante : A quand la généralisation des cantines scolaires  dans les écoles primaires en Afrique ?

Encadré 1 :  Les objectifs du PAM

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Aucun enfant ne devrait aller à l’école le ventre vide ;                    

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L’alimentation scolaire est un important vecteur de protection sociale pour les enfants ;

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Il faudrait 3,2 milliards de dollars par an pour nourrir les 66 millions d’enfants d’âge scolaire qui ont faim;

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Avec 1,2 milliard de dollars, le PAM pourrait nourrir les 23 millions d’enfants sous-alimentés en Afrique ;

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Les enfants ont plus de difficultés à apprendre s’ils n’ont pas accès à une alimentation de qualité nutritionnelle et de quantité suffisante ;

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Dans les pays en développement, 66 millions d’enfants d’âge scolaire vont à l’école le ventre vide, dont 23 millions rien qu’en Afrique ;

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Actuellement 75 millions d’enfants ne sont pas scolarisés;

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Les ménages démunis sont souvent obligés de choisir entre envoyer leurs enfants à l'école ou travailler aux champs ;

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Un repas de cantine quotidien donne aux parents un intérêt fort à envoyer leurs enfants à l’école et à les y maintenir;

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Avec seulement 25 centimes de dollar, on peut remplir une tasse de bouillie, de riz ou de légumineuses et donner aux écoliers une ration mensuelle à rapporter à la maison ;

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Avec 50 dollars, on peut nourrir un enfant à l'école pendant un an.

Encadré 2 : Le secteur de l’éducation doit tenir un rôle leader dans la vie de l’enfant africain

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La nutrition et la santé à l’école peuvent améliorer les performances scolaires;

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La santé et la nutrition des élèves affectent leur scolarité, leur assiduité et leur absentéisme;

-          L’éducation profite à la santé. Elle peut réduire les iniquités sociales et de genre.

Encadré 3 : Suggestions en matière de partenariat

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Créer de partenariats public-privé en vue de fournir des repas dans les écoles;

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Garantir que les repas sont conformes aux normes d'alimentation fixées;

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Encourager et appuyer les établissements pour mettre en place des jardins scolaires;

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Collaborer avec les organismes internationaux, en vue de mobiliser des ressources supplémentaires.

Noël Ndong

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