Diplomatie : Emmanuel Macron appelle la Chine à être partenaire de la France en Afrique

Mardi 26 Mars 2019 - 16:57

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Le président français a lancé, le 26 mars, l' invite à son homologue chinois, Xi Jinping, sachant que le continent africain est celui dont le géant asiatique a fortement augmenté sa présence et son influence au cours des dernières années.

« Nous ne sommes pas en Afrique des rivaux stratégiques », a affirmé le chef de l’Etat français, lors d’une déclaration aux côtés du président chinois, en visite officielle à Paris. « Mais nous pouvons y être bien davantage des partenaires dans la durée sur les plans de la sécurité, de l’éducation, des infrastructures et du développement », a ajouté Emmanuel Macron, qui a notamment salué la « contribution importante » de Pékin « aux pays de la force conjointe G5 Sahel ». Les cinq pays membres du G5 Sahel sont le Burkina, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

Cette déclaration intervient à un moment où Paris s’inquiète des financements apportés par la Chine à certains pays africains déjà très endettés et a fixé comme priorité de sa présidence du G7 cette année d’obtenir plus de transparence dans les prêts accordés aux pays en développement.

Au sein du G20, dont Pékin est membre, les pays s’étaient engagés en 2017 à respecter les analyses du Fonds monétaire international sur la soutenabilité de la dette avant d’accorder des prêts.

Par ailleurs, la France, l’Allemagne et la Commission européenne ont revendiqué, le même jour, un partenariat plus équilibré entre la Chine et l’Europe, reposant sur la « confiance » et la « réciprocité ». Elles  ont, en outre, plaidé pour un multilatéralisme « rénové », en l’absence des Etats-Unis qui font de plus en plus cavalier seul.

Au cours d’un mini-sommet inédit, et sans jamais citer le nom de Donald Trump, Xi Jinping, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Jean-Claude Juncker ont mis en garde contre « les tensions commerciales » dans un contexte d’offensives tous azimuts du président américain, notamment contre les importations chinoises.

« Les frictions internationales continuent à monter et sont de plus en plus marquées par des bras de fer géopolitiques », s’est inquiété Xi Jinping à l’issue de la réunion dans la salle des fêtes de l’Elysée.

Emmanuel Macron avait pris l’initiative de cette rencontre à quatre, qui a duré un peu plus d’une heure à l’Elysée, afin de présenter un front européen uni face à la Chine.

L’Union européenne se sent, en effet, prise en tenaille entre Donald Trump et son approche contractuelle des relations internationales ainsi que l’expansion chinoise incarnée par le projet de "Nouvelles routes de la soie" et les investissements massifs un peu partout dans le monde et en Europe en particulier, comme en Italie, le dernier pays en date à s’être laissé séduire.

« Le choix de l’évidence et de la raison au XXIe siècle est dans un partenariat eurochinois fort, défini sur des bases claires, exigeantes et ambitieuses », a déclaré, le 25 mars, le président français à l’issue d’un entretien avec son homologue chinois, arrivé quelques heures plus tôt à Paris.

« Nous avons des divergences (...) Nul d’entre nous n’est naïf », a-t-il de nouveau souligné le lendemain, exhortant la Chine à « respecter l’unité de l’Union européenne », Pékin étant soupçonné de jouer la division des pays européens par sa politique d’investissements. « La coopération rapporte plus que la confrontation », a-t-il insisté.

« Appel à surmonter la méfiance »

Xi Jinping lui a répondu par un appel à surmonter « la méfiance ». « Certes, il y a des points de désaccord, de la compétition mais c’est de la compétition positive (...) Nous sommes en train d’avancer ensemble », a-t-il dit. Le président chinois n’a cependant pas annoncé de mesures concrètes pour rassurer les Européens, notamment sur les « Nouvelles routes de la soie ».

C’est « un projet très important » et « nous, les Européens, nous voulons jouer un rôle » mais « cela doit conduire à de la réciprocité et nous avons un peu de mal à la trouver », a pour sa part indiqué la chancelière allemande, Angela Merkel.

« Je voudrais (...) que les entreprises européennes trouvent le même degré d’ouverture que les entreprises chinoises en Europe. Totale », a renchéri le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui présidera le prochain sommet UE-Chine le 9 avril, à Bruxelles.

Les quatre dirigeants ont, en revanche, souligné leurs convergences sur la nécessité d’une « modernisation » de l’Organisation mondiale du commerce, l’arbitre des échanges internationaux à l’utilité contestée par la Maison-Blanche.

Depuis l’avènement de Donald Trump, Xi Jinping aime à se présenter comme un acteur classique du concert des nations. Le dirigeant communiste s’est même fait applaudir au forum de Davos, en 2016, par le gratin du libéralisme économique mondial.

D'importants contrats commerciaux

La Chine a investi au moins cent quarante-cinq milliards d’euros en Europe depuis 2010, mais la tendance est au ralentissement, à l’heure où plusieurs Etats durcissent leurs mesures pour encadrer les acquisitions du géant asiatique.

La visite de Xi Jinping à Paris a été marquée lundi par une série d’accords et de contrats commerciaux, dont le plus important a été une méga-commande de trois cents avions - deux cent quatre-vingt-dix Airbus A320 et dix A350 - passée par l’entreprise étatique chinoise China aviation supplies holding company, pour un montant de trente-cinq milliards de dollars au prix catalogue.

Dans une déclaration commune publiée à l’issue de la rencontre, Emmanuel Macron et Xi Jinping ont également promis de garder « un rôle d’impulsion et de mobilisation » contre le réchauffement climatique et d’agir ensemble « pour un sursaut mondial face à l’érosion de la biodiversité ». Ils se sont engagés à lutter « contre la criminalité environnementale, en particulier le braconnage et le trafic des espèces de la faune et de la flore menacées d’extinction », ainsi que contre la pollution plastique.

La Chine doit accueillir, en 2020, une conférence de l’ONU sur la biodiversité qui doit marquer une étape importante pour la protection de l’environnement.

 Le président français a annoncé qu’il se rendrait de nouveau en Chine d’ici à la fin de l’année, après une première visite en janvier 2018.

 

Nestor N'Gampoula et AFP

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