Exposition: « Présence africaine » rend hommage aux intellectuels noirsMardi 9 Décembre 2014 - 13:15 L’activité, qui se déroule à l’Institut français de Kinshasa jusqu'au 24 décembre, présente l’histoire d’une revue devenue également une maison d’édition et un mouvement de pensée.
L’exposition « Présence africaine, une tribune, un mouvement, un réseau », indique-t-on, retrace les vingt premières années de la revue Présence africaine fondée par Alioune Diop en 1947. L’exposition documentaire a été conçue par le musée du quai Branly et présente l’histoire d’une revue devenue également une maison d’édition et un mouvement de pensée. Ce dernier a permis aux différents courants d’idées liés aux « mondes noirs » de s’exprimer pendant la colonisation, puis au début des indépendances. « Elle a pour ambition de montrer le rôle de catalyseur joué par Présence africaine dans l’histoire politique et culturelle des intellectuels noirs francophones et lusophones des années 1950-1960 », précise-t-on. Tout en rendant hommage à son fondateur Alioune Diop, elle souligne l’importance, souvent méconnue du grand public, des intellectuels africains, antillais, malgaches et noirs américains, en France et dans le monde. L’exposition a été présentée au musée du Quai Branly à Paris en 2009, puis à Dakar en 2011 peu après le centenaire de la naissance d’Alioune Diop. En 2014, l’exposition documentaire a été mise à la disposition du réseau culturel français en Afrique. Elle est divisée en quatre parties. La première est intitulée « L’atlantique noir, du panafricanisme à la négritude ». Elle est consacrée aux sources de la négritude transnationale dont « Présence Africaine » est l’héritière : les échanges culturels et politiques entre l’Afrique, les États-Unis et la France dans les années 30. La deuxième section de l’exposition est consacrée au projet et à l’engagement qu’incarnent la revue et la maison d’édition Présence Africaine pour faire comprendre au visiteur leur importance éditoriale et historique. La troisième partie de l’exposition, « 1956-1959 : Les intellectuels noirs débattent », s’attache à présenter les idées et les principes de Présence Africaine, que reflètent les deux colloques historiques organisés par la revue en 1956 et 1959. La dernière section de l’exposition s’intitule « Dakar 1966 : les arts d’Afrique en Afrique ». L’année 1966 a été marquée par la création du festival des arts vivants et anciens de Dakar. Bref historique de « Présence africaine » Fondée à Paris en 1947 par l’intellectuel sénégalais Alioune Diop (1910-1980), la revue Présence africaine a plusieurs objectifs : publier des études africanistes sur la culture et la civilisation africaine, publier des textes africains, passer en revue des œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir. Alioune Diop crée un comité de rédaction essentiellement constitué d’intellectuels africains, malgaches et antillais. Il rassemble aussi un comité de soutien prestigieux : Jean-Paul Sartre, André Gide, Emmanuel Mounier, Richard Wright. S’il ne souhaite pas au départ défendre une idéologie particulière, Alioune Diop suit une ligne éditoriale précise, définie en 1955 : « Tous les articles seront publiés sous réserve que leur tenue s’y prête, qu’ils concernent l’Afrique, qu’ils ne trahissent ni notre volonté antiraciste, anticolonialiste, ni notre solidarité des peuples colonisés. » Après avoir fondé une maison d’édition en 1948, Alioune Diop ouvre en 1962 une librairie, puis organise en 1956 le premier Congrès des artistes et écrivains noirs à Paris, un second congrès à Rome en 1959 et participe activement à l’organisation du premier Festival des arts nègres de Dakar en 1966. Patrick Kianimi Légendes et crédits photo :Quelques grandes figures de "Présence africaine" dont Aimé Césaire et Alioune Diop |
