Facilitation au dialogue inclusif : une équation à plusieurs inconnues

Lundi 11 Avril 2016 - 18:08

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La Dynamique de l’opposition ainsi que le G7 ne veulent plus rien entendre du fameux dialogue y voyant un danger de se muer en une Assemblée constituante censée élaborer une nouvelle Constitution et donner lieu à un nouvel ordre politique sur le modèle de la deuxième République.

Nommé il y a peu par la présidente de la commission de l’Union africaine (UA) Nkosana Zuma comme facilitateur de la crise politique en RDC, l’ex-Premier ministre togolais Edem Kodjo s’est déjà mis à l‘œuvre. Le temps presse. Après trois semaines perdues à la suites de quelques ennuis de santé qui ont réduit sa marge de manœuvre, il veut pousser sur l‘accélérateur afin de concrétiser le projet du dialogue. Déjà, il a annoncé, au cours d’une conférence de presse tenue le 11 avril, la mise sur pied imminente du comité préparatoire avant la fin de cette semaine. Là-dessus, l’émissaire de l’UA s’est adjugé le bon rôle en passant pour l’élément catalyseur de cette organisation qu’il est censé coordonner. Tout devra dorénavant transiter par lui, notamment les dossiers de candidatures émanant des diverses sensibilités (opposition, majorité et société civile).

À en croire le diplomate togolais, le dialogue tant attendu sera délimité dans le temps, soit deux semaines tout au plus, assorti d’une feuille de route précise et claire. Tout en rassurant sur le fait que toutes les matières inscrites à l’ordre du jour seront discutées une à une, Edem Kodjo a également indiqué que « la Constitution et les délais constitutionnels seront respectés ». Il a, de ce fait, invité les autres forces politiques et sociales encore réfractaires au dialogue à y adhérer massivement ajoutant que sa main reste toujours tendue à leur endroit. « Je ne suis pas venu pour violer la Constitution d’un pays ami », a-t-il déclaré en substance.

Nonobstant toutes ses assurances, la personne d’Edem Kodjo a toujours du mal à passer dans l’opposition ultra-radicale anti dialogue avec, en tête de liste, l’Union pour la Nation (UNC) et le G7. Tout en promettant d’endosser les résolutions du dialogue pour autant  qu’elles respectent la Constitution et les délais y prescrits en cas d’élection présidentielle, l’UNC n’est toujours pas partie prenante. Plus radicales, d’autres forces politiques de l’opposition à l’instar du G7 ne veulent rien entendre de ce forum y voyant un danger de se muer en une Assemblée constituante censée élaborer une nouvelle Constitution et instituer un nouvel ordre politique sur le modèle de la deuxième République. Difficile donc pour Edem Kodjo de convaincre cette frange de l’opposition anti dialogue plus que jamais déterminée à s’ériger en obstacle au troisième mandat de Joseph Kabila.

Nécessité d’intégrer la résolution 2277

À la Dynamique de l'opposition autant qu’au G7, l’ex-Premier ministre togolais est l’objet de nombreuses suspicions. Il est considéré comme un suppôt du pouvoir venu aider la majorité présidentielle à créer une nouvelle légitimité extraconstitutionnelle en cautionnant une transition de deux ou trois ans au bénéfice de Joseph Kabila. Cette tendance de l‘opposition veut, par ailleurs, que la mission de l’officiel togolais s’intègre dans la Résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU. Même l’UDPS sur laquelle misait Edem Kodjo dans la perspective d’embarquer la véritable opposition dans la logique du dialogue s’est rétractée en relativisant la mission du facilitateur, à ses yeux, non conforme à la résolution 2277 et à l’idée qu’elle se fait du dialogue.

À la veille de la tenue de ce forum national, force est de constater qu’Edem Kodjo n’a pas encore fini de consulter et rien n’est sûr qu’il réussira à faire revenir le G7 et la Dynamique de l’opposition aux bons sentiments au regard du radicalisme affiché par les uns et les autres. Ces regroupements politiques de l’opposition l’invitent d’ailleurs à organiser, en lieu et place du dialogue, la tripartite Céni-opposition-majorité avec l’appui de l’Union africaine pour permettre à toutes les parties prenantes d’élaborer un calendrier consensuel respectant le délai constitutionnel. Une proposition qui complique davantage la donne pour le facilitateur qui, visiblement, ne jouit pas d’un minimum de confiance de la part des parties prenantes au processus électoral. Dossier à suivre.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Edem Kodjo

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