Finances et banques : urgence d’une politique préventive de la BCC dans l’est de la RDC

Samedi 3 Décembre 2016 - 15:02

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Des voix s’élèvent pour mettre en garde contre la légèreté dans la gestion de l’épargne populaire dans cette partie du pays qui a connu, il faut le rappeler, une floraison de coopératives et de systèmes financiers informels.  Actuellement, une crise majeure risque d’éclater si la Banque centrale du Congo (BCC) n’intervient pas de manière plus dissuasive pour remettre de l’ordre, a expliqué une source locale.

Le mouvement coopératif a démarré depuis la colonisation mais les coopératives d’épargne et de crédit (Coopéc) ont commencé à émerger entre 1970 et 1990. Elles se sont implantées à des endroits reculés et dépourvus de banques. En 1987, le secteur de la micro-finance détenait ainsi 7 % de l’épargne du secteur financier congolais. Après les pillages et l’hyperinflation, les Coopéc ont perdu du terrain, avec le départ de près de 80 % de leurs membres. Puis il y a eu l’arrivée des ONG pratiquant un volet micro-crédit. Sur instruction de l’autorité monétaire, celles-ci ont créé des institutions de micro-finance finalement agréées. En 2013, l’on comptait en RDC 126 coopératives d’épargne et de crédit, et 23 institutions de micro-finance. Au-delà, la micro-finance comprend également d’autres activités plus informelles comme les tontines et les groupes d’entraide. Cependant, les Coopéc forment à ce jour la majorité numérique (plus de 80 %) des prestataires de services financiers. Elles concentrent leurs activités à Kinshasa, Goma, Bukavu et Matadi.

Au fil des années, la micro-finance a connu une véritable explosion, atteignant même le millionième client en 2013 alors que l’on dénombrait à peine 100 000 clients en 2007. Et l’on compte également une forte participation des femmes, soit près de 40 %. Ce secteur continue à tirer sa croissance de l’intérêt sans cesse croissant porté aux MPME (micro, petites et moyennes entreprises) par le secteur financier et bancaire. Et pour cause, il s’agit d’une cible faiblement bancarisée. Comme approche, plusieurs partenaires au développement ont renforcé davantage les capacités de quelques institutions de micro-finance et banques commerciales afin de les pousser à proposer des prêts adaptés aux MPME. L’idée est d’améliorer leur accès au crédit pour des financements à moyen et long termes. Toutefois, le poids du crédit disponible reste insuffisant pour améliorer l’économie nationale.

Mais un drame se joue dans l’est du pays. Un problème serait né des hypothèques de biens immobiliers par des particuliers contre des crédits. Ces Coopéc ne calculent pas suffisamment le risque, a expliqué la source. En plus, elles traînent des charges trop importantes pour des petites institutions financières. Finalement, c’est la faillite. D’où l’importance que la BCC s’implique, a insisté notre source, pour éviter l’hécatombe. En tant que secteur stratégique, l’État doit songer à un mode de financement ou de subvention de ces institutions financières.

Du côté de la BCC, une mesure dissuasive a été arrêtée récemment : la mise sous tutelle des Mutuelles d’épargne et de crédit du Congo. Dès sa mise sous tutelle, la BCC a demandé des poursuites à l’encontre de son équipe dirigeante pour malversations. Un pas dans la bonne direction mais il ne suffit pas à rassurer les épargnants.

Laurent Essolomwa

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