FMI-RDC : un nouveau programme formel pourra être conclu entre les deux parties

Lundi 7 Octobre 2019 - 12:00

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L’un des acquis majeurs du périple euro-américain du chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, aura été sans nul doute la reprise du partenariat économique entre son pays et l'institution de Bretton Woods, à l’arrêt depuis 2012.

Il a fallu beaucoup de tact et d’habileté au président congolais pour baliser la voie à la normalisation des rapports avec le Fonds monétaire international (FMI) avec, à la clé, des perspectives de croissance inclusive pour la République démocratique du Congo (RDC). Plus que jamais, le pays a besoin de l’appui des bailleurs de fonds internationaux pour booster son économie eu égard aux projections d’une croissance flottante consécutive à la baisse des prix du cuivre et du cobalt après les pics enregistrés en 2018. D’après les données fournies par le FMI, en effet, les revenus miniers, moins importants que l’an dernier, devraient logiquement plomber, cette année, le taux de croissance autour de 4,3 % contre 5,8 en 2018. 

Plutôt que de se résigner devant cette stagnation de l’économie nationale, Félix Tshisekedi a pris l’option de renouer avec les institutions de Bretton Woods en leur permettant de reprendre leur mission dans le pays. Sa rencontre avec la nouvelle directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, avait permis de poser les bases de la reprise telle que symbolisée par l’amorce des discussions sur un éventuel programme d’assistance de l’institution financière internationale en faveur de la RDC. En attendant justement cette reprise formelle du partenariat, une délégation du FMI a séjourné à Kinshasa dans le cadre des consultations menées au titre de l’article IV de la charte de l’institution, qui astreint les Etats partenaires à se soumettre à une revue annuelle de leur économie. Outre la perspective d’un programme économique à mettre en place, les experts du FMI et de la Banque mondiale participent également à l’élaboration du projet de loi des finances de sept milliards de dollars américains pour l’exercice 2020, jugé « irréaliste » par une certaine opinion par rapport aux attentes des communautés locales. Le FMI se dit disponible à apporter son expertise et ses conseils dans le sens d’aider le pays à se doter d’un budget conséquent à la hauteur de ses ambitions.   

Des réformes en profondeur attendues

La première action à mettre à l’actif de cette institution financière internationale est l’octroi d’un don, à titre d’appui budgétaire pour l’exercice 2020, d'un milliard de dollars à la RDC dont une partie devra financer la gratuité de l’éducation et une autre, le début de la couverture santé universelle décrétée par le président de la République. Le gouvernement est donc appelé à travailler en synergie avec l’équipe pays de la Banque mondiale pour opérationnaliser cet appui budgétaire.

Par ailleurs, le FMI qui tient à faire correctement les choses, pose néanmoins des préalables à la conclusion d’un nouveau programme avec la RDC. Tout en exhortant le pays à engager des réformes de fond, il appelle à plus d’orthodoxie budgétaire, à la réduction du recours aux procédures d’urgence et à l’assainissement de la gestion des finances publiques. Le FMI recommande également la limitation des exemptions de taxes, la simplification du régime fiscal, la traçabilité des revenus miniers et leur canalisation vers les comptes du Trésor.

Il s’agit là des recommandations qui reviennent souvent au terme des revues annuelles qu’effectue cette institution de Bretton Woods depuis 2015 en RDC. La lutte contre la corruption, l’amélioration de la gouvernance, la transparence et la responsabilisation dans la gestion des ressources naturelles, autant des préalables pour lesquels le FMI ne transige pas lorsqu’il s’agit de sceller un partenariat avec un Etat partenaire. C’est justement pour raison de déficit de transparence dans l’accord passé autrefois entre la Gécamines et Straker international que le FMI s’est décidé de suspendre sa coopération avec la RDC avec, pour conséquence, le gel d’un prêt de quatre-vingts millions de dollars de la Banque africaine de développement.

Au niveau du gouvernement, on se veut ouvert et rassurant avec la promesse ferme de fournir des efforts pour répondre aux exigences du FMI qu’on voudrait bien renégocier avant la conclusion d’un programme formel. Celui-ci passera nécessairement par un audit de l’économie congolaise qui servira de repère à la promotion d’une réelle croissance inclusive. 

Alain Diasso

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