Gouvernance : Félix Tshisekedi entend raffermir les relations entre l’État et l’Église 

Lundi 7 Octobre 2019 - 16:15

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En marge de sa participation, le 5 octobre à Rome, à la cérémonie de création de Mgr Fridolin Ambongo comme cardinal, le président de la République a accordé une interview à la radio Vatican, dans laquelle il a notamment tenu à dissiper tout malentendu dans les relations entre le pouvoir actuel et l'Eglise catholique.

La présence de Félix Tshisekedi à l'événement était historique car c'est pour la première fois qu'un président de la République démocratique du Congo (RDC) assistait à la cérémonie de cardinalat d'un prélat congolais. A cet effet, le chef de l’État a déclaré s'être déplacé jusqu'à Rome pour honorer le nouveau cardinal, son ambition à la tête du pays étant de redonner de la dignité au Congo et à son peuple. « C'est en ayant de telles personnalités, qui excellent à travers le monde, que nous allons réussir. C'est le cas notamment du Dr Mukwege, qui a reçu un Prix Nobel ; du Dr Muyembe et maintenant le cardinal Ambongo. Ce sont des exemples qui ne peuvent que redonner de la fierté d'être Congolais, de la dignité à notre peuple qui était meurtri et découragé, se disant qu'il n'y avait plus d'espoir dans ce pays. Ce peuple va voir qu'à travers ces dignes fils, il y a moyen de redorer l'image de notre pays. J'étais là pour envoyer ce message », a fait savoir Félix Tshisekedi, interviewé par le père Jean-Pierre Bodjoko, directeur du service français-Afrique de Radio Vatican.

Aucune tension avec l'Eglise catholique

Au sujet des supposées tensions qui existeraient entre les actuels dirigeants du pays et l'Eglise catholique, Félix Tshisekedi a rétorqué qu'il n'y avait aucune zone d'ombre entre les deux parties. « S'il y a eu maille à partir avec l'Eglise catholique, c'est à cause de la manipulation dont elle a été victime. C'est de la manipulation politicienne. Là où il y a des politiciens, il ne faut jamais exclure ce genre de choses. M'en prendre à l'Eglise catholique aurait été ingrat de ma part. L'Eglise catholique a un parcours qu'on connaît et qui date déjà de l'époque du cardinal Malula qui s'opposait aux méfaits du régime d'antan. Donc, l'Eglise catholique a toujours marché près du peuple et pour les intérêts du peuple. C'est vrai qu'on a eu des incompréhensions, mais, dans l'ensemble, la mission de l'Eglise catholique est à louer et à féliciter. Et moi j'entends raffermir davantage les relations entre l’État et l'Eglise...», a déclaré le président congolais, tout en rappelant qu'il était un enfant de cette église, même si aujourd'hui il est membre de l'église évangélique. 

Faire participer l'opposition

Au sujet de ses rapports avec l'opposition, le chef de l'Etat a d'abord rappelé qu'il n'était pas facile d'être président de la République ou encore d'être opposant, le tout dépendant des objectifs fixés. « Nous faisions une opposition réelle et sincère, sans compromission. Nous avions vraiment un idéal pour notre pays. Quand vous vous fixez un tel objectif, vous devez vous priver de beaucoup de choses. Les deux sont difficiles, mais ce sont simplement les difficultés qui sont d'ordre différent », a indiqué Félix Tshisekedi, souhaitant « changer aussi les choses de ce côté là » pour  que l'opposition ne soit plus regardée comme une ennemie ou être le souffre-douleur du pouvoir. « Il faut la faire participer au pouvoir. Pas en la corrompant ou en la débauchant, mais en lui confiant des responsabilités en tant qu'opposition, pour qu'elle surveille l'évolution de ce pouvoir. C'est pour cela que j'avais demandé à la présidente de l'Assemblée nationale et au président du Sénat, lors de son élection, de donner la présidence des commissions parlementaires très importantes à l'opposition, afin qu'elle puisse réellement bien contrôler le pouvoir et savoir ce qui se passe », a -t-il expliqué. A ce sujet, il a émis le vœu de voir le poste de chef de file de l'opposition, comme prescrit par la Constitution, être pourvu.

Faire de la RDC un pays leader

Sur un autre registre, Félix Tshisekedi a déclaré que son rêve est de faire de la RDC un pays puissant car il mérite la place de leader en Afrique et même dans le monde. « Nous avons des atouts à enjeux mondiaux, mais nous ne les utilisons pas. Je voudrais faire de mon pays un des moteurs pour l'Afrique. Il faut que l'Afrique se développe. On dit que ce continent est l'avenir du monde et l'Afrique doit le démontrer. Nous avons une jeunesse, c'est la force que l'Afrique a et personne ne peut nous égaler. Cette jeunesse est créatrice, innovante, dynamique, ingénieuse, etc. Nous devons simplement la mettre dans de bonnes conditions et vous allez voir que l'Afrique va étonner », a laissé entendre le président congolais. 

Félix Tshisekedi a fait savoir, en outre, qu'il est disposé à effectuer une visite officielle au Vatican dès qu'il recevra une invitation. D'ailleurs, a-t-il annoncé,  il a déjà adressé une invitation au pape François afin de se rendre en RDC pour une visite officielle.

 

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

1- Félix Tshisekedi et le cardinal Ambongo à Rome 2- Le couple présidentiel, le cardinal Ambongo, le directeur de cabinet du président, Vital Kamerhe, et son épouse 3 et 4- Le chef de l'Etat et le cardinal Ambongo à Kinshasa

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