Grand Kasaï : bientôt la relance des projets de développement

Le go des travaux du forum sur la paix et le développement du Kasaï a été lancé le 19 septembre par le chef de l’État, Joseph Kabila Kabange qui, dans son mot d’ouverture, a tenu à circonscrire le cadre de cette rencontre mais aussi à tirer les enseignements du passé tumultueux ayant caractérisé  l‘espace kasaien au cours de ces derniers mois. Devant une assistance composée de quelques animateurs des institutions mais aussi des représentants des communautés locales, des autorités coutumières et des leaders locaux, Joseph Kabila n’est pas allé par le dos de la cuillère pour stigmatiser le mal qui ronge l’espace kasaïen.

En effet, pour le président de la République, les causes de la tragédie vécue dernièrement par le peuple kasaïen sur fond de violence et d’insécurité sont à rechercher dans « les égo et les manipulations socio-mystico-politiciennes ». Les fils et filles du Kasaï ont eux- mêmes jeté l’huile au feu en entretenant des conflits entre eux lesquels ont été malheureusement exacerbés et récupérés par les confessions religieuses et les ONG qui, d’après lui, ont fait le choix de la désinformation.     

Ce n’est pas la première fois que le Kasaï sombre dans ces genres des travers au point de tomber si bas et déshumaniser ses propres sœurs et frères et même des étrangers, a regretté Joseph Kabila tout en rappelant à la mémoire collective les horreurs des années 1959 et 1960. Avec le phénomène « Kamuina Nsapu » commencé en septembre 2016 avec la mort du chef coutumier portant le même nom, le Kasaï a sombré dans une violence inouïe qui a causé la mort de près de trois mille innocents. Pour l’heure, il est question de panser les plaies et se livrer à une sorte d’introspection censée amener les uns et les autres à faire amende honorable par rapport à leur implication dans les tueries ainsi déplorées. 

Joseph Kabila reste convaincu que la faiblesse de la justice qui n’a pas sévi en son temps pour condamner les auteurs des crimes perpétrés est à la base du retour de cette vague de violences. Pour les tristes évènements de septembre et octobre derniers ayant mis l’espace Kasaï à feu et à sang, il plaide pour qu’aucun auteur des crimes n’échappe à la sanction qui, d’après lui, demeure « l’unique moyen de dissuader ceux qui s’aventureraient à troubler gravement l’ordre public ». Et d’insister sur la réconciliation véritable entre les Kasaïens de tout bord laquelle ne doit se réaliser au détriment de la justice et de la réparation des victimes. « La finalité de cette conférence devrait rester ouverte à toutes les suggestions constructives sauf à blanchir les responsables de crimes graves, des massacres par décapitation de nombreux innocents ou des motivations diverses mais, à mon sens, inopérantes et qui ont couvert de honte l’ensemble de notre pays », a déclaré Joseph Kabila.  

Cap sur la modernité

Sur un autre registre, le premier d’entre les Congolais a mis une emphase soutenue sur la nécessité de préserver la paix dans cette partie du pays, étant entendu que les conditions de sécurité sont à présent réunies du fait du retour à la paix. D’où l'appel lancé à ceux de nos compatriotes qui avaient trouvé momentanément refuge dans  les pays limitrophes « à regagner leurs contrées respectives afin de participer également à cet agenda politique national de grande importance, le pacte de réconciliation ». Pour le chef de l'État, la réconciliation des fils et filles du Kasaï est censée consacrer un nouveau départ dans cet espace régional vers la conquête de la modernité.    

Il a annoncé la reprise des projets de développement dans les cinq provinces issues du Grand Kasaï (Kasaï Oriental, Kasaï, Kasaï central, Sankuru et Lomami) jadis interrompus du fait de l’insécurité causée par la milice terroriste de triste mémoire. Des projets qui, a-t-il dit, vont reprendre avec la même détermination, la même ferveur, la même ambition que celle du départ. Et d’ajouter que dans cette quête de paix, l’appui humanitaire du gouvernement qui s’avère indispensable et doit s’accélérer surtout dans le domaine de la santé et de l’éducation. L’objectif de cette redynamisation des actions de développement au Kasaï est, selon Joseph Kabila, « de remettre toute la population le plus rapidement au travail et de garantir un bel avenir à nos enfants ».