Hervé Boueno : « le 13 novembre 2015 à Paris, je me souviens d’avoir vécu des événements terrifiants et surréalistes »

Jeudi 10 Novembre 2016 - 10:07

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Presqu’un an après les attentats de Paris, nous avons eu l’occasion de donner la parole à Hervé Boueno, un jeune congolais qui se trouvait dans le quartier des scènes des attentats du Bataclan au moment des attaques du vendredi 13 novembre. Son récit témoigne de la façon dont il le vit encore aujourd’hui

Hervé BouenoLes Dépêches de Brazzaville (LDB) : Que vous suscite l’évocation du vendredi 13 novembre 2015 ?

Hervé Boueno (HB) : C’est en permanence que je revis en 3 D un flot ininterrompu d’images insensées. En moi demeurent à la surface ces scènes de carnage, ces détonations répétées, ces cris de toutes parts ; et puis ces courses croisées des gens en panique fuyant de tous côtés dans la nuit, sans trop savoir vers où se diriger, ne sachant d’où le danger pourrait provenir. Les vendredis 13, c’étaient auparavant des légendes de chats noirs à donner le frisson, que l’on y croie ou pas. Mais là, ce vendredi 13 novembre 2015, c’était l'horreur et tellement d'incompréhension ! Jamais, au cours de ma jeune existence, je n'aurais imaginé vivre des événements aussi surréalistes, aussi terrifiants !

LDB : Etes-vous suivi psychologiquement ?

HB : J’ai été secoué mentalement pendant quelques jours. Ma proximité au cœur de ces scènes de tueries et le décès de Ludovic Boumbas, un compagnon de nos parties de football les fins de semaines, mort en héros sur une des terrasses parisiennes, m’ont bouleversé. La meilleure thérapie, pour ma part, a été de pouvoir en parler souvent et de façon détaillée avec mes proches. Par son écoute attentive, la cellule familiale et amicale m'a beaucoup aidé afin d'exorciser ces moments d’une telle monstruosité ! Grâce à eux, je n'ai pas eu besoin d’être suivi psychologiquement.

LDB : Comment organisez-vous désormais vos promenades dans Paris ?

HB : Le temps ayant fait son œuvre et la vie devant continuer, mes habitudes dans Paris n’ont pas été modifiées. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des parisiens. J’avoue que la présence renforcée, visible, des forces de l'ordre dans le cadre du plan Vigipirate me donne une assurance, une sérénité lors de mes ballades parisiennes. L’oubli ne viendra jamais, mais il est à souhaiter que l’apaisement s’installe ! Que Paris redevienne Paris avec ses attractions culinaires, ses activités culturelles, ses touristes. Paris, sans appréhension, sans la peur de l’autre s’il est différent de nous.

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Hervé Boueno

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