Interview. Enoch Ebadu : « ''Yo nde bomoyi' est une mélodie écoutée en songe »

Jeudi 16 Juin 2022 - 19:00

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Le musicien et chanteur gospel, Enoch Ebadu, a lancé, le 14 juin, sur les plateformes de téléchargement, le single « Yo nde bomoyi », une somptueuse mélodie mise à la disposition des internautes mélomanes et adorateurs de Dieu. Auteur des albums "Tosi Tosi", "Horizon" et plusieurs singles et des featuring avec d'autres musiciens gospel, l’artiste a accordé une interview exclusive au "Courrier de Kinshasa" pour parler de cette œuvre, tout en abordant d’autres sujets sur sa carrière de musicien gospel. Entretien.

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K) : La chanson « Yo nde bomoyi » est désormais disponible sur les plateformes de téléchargement, après deux précédents beaux titres, « Amazing love » et « C’est toi ». Vos premières impressions ?

Enoch Ebadu (E.E) : Je suis heureux. « Yo nde bomoyi » est une chanson inspirée de Dieu en 2016 alors que je traversais des moments très difficiles, je m'inquiétais beaucoup pour des choses qui ne marchaient pas dans ma vie, alors ces moments m’ont poussé à beaucoup prier. Et une nuit, en plein sommeil, j’ai vu en songe un monsieur qui suivait la chanson avec des écouteurs, et je lui ai demandé de me faire écouter, après j'ai fondu en larmes. Je lui ai dit : ‘’C’est une très belle chanson, c'est pour qui ?’’ Il m’a répondu : ‘’ça te plaît ?’’ Je lui ai dit : ‘’oui’’. Il m’a ensuite dit ‘’Prends-la’’. Je me suis réveillé, c'était 3h du matin, et j'ai directement pris la guitare, et voilà, la chanson est là.

L.C.K : Le morceau est un single ou fait partie d’un album à venir. C’est quel style de musique ?

E.E : C'est juste un single. Sincèrement, je ne sais pas donner un style à cette chanson, c’est une mélodie que j'ai écoutée en songe. Quatre musiciens ont collaboré à la réalisation artistique de cette œuvre, notamment Hervé Nzambe au piano, Jérémy Kongolo à la guitare basse, et Adassa Ntoto dans le chœur. J’ai joué à la guitare rythmique.

L.C.K : Un programme des productions ou un autre album en préparation ?

E.E: Je ferai un effort de sortir une chanson chaque cinq mois. J’ai un projet d'album, c'est en cours, mais je verrai bien, si une chanson me monte à cœur, je l’enregistre et la met à la disposition du public.

LCK : Et la suite de votre projet des films documentaires ?

E.E : Pour le film, je suis d’ailleurs en plein tournage. Cela peut prendre encore assez de temps.

LCK : Une question de foi. Quel est votre avis sur la manière dont le « Message du temps de la fin » amené par William Marion Branham est dispensé aujourd’hui en République démocratique du Congo et ailleurs ?

E.E : Le message du temps de la fin reste la vérité. Seulement, nous, les croyants, ne comprenons pas sa force. Aujourd’hui, les gens sont plus fanatiques des pasteurs et des membres des églises, au lieu d'être de véritables chrétiens. Ce qui fait que la plupart des pasteurs, au lieu de prêcher la vie éternelle, focalisent leur prédication sur le matériel, et les croyants sont limités, parce qu’après avoir reçu les biens matériels, l’homme n’aura plus rien d’autre à chercher et va devenir rétrograde. J’aime marteler sur une chose : pour la première fois qu’on a appelé les disciples des « chrétiens », c'était parce que ceux-là se comportaient comme Christ, mais pas parce qu’ils étaient membres des églises ou adeptes des pasteurs. L’homme doit se connaître pour mieux préparer son avenir éternel.

LCK : Dans vos chansons, vous n’abordez quasiment pas les doctrines prônées dans le « Message du temps de la fin ». En tout cas pas comme le chantre et pasteur Lifoko du ciel, par exemple ?

E.E : Notre Dieu est un Dieu de variétés, il a créé la tortue, l’escargot, la fourmi, l’aigle, le pigeon, le corbeau, les arbres… Chaque chose a son utilité, c'est pareil avec moi et les autres. Mes aînés ont fait un grand travail, et ils continuent de le faire. Moi, je ne force pas les choses. Pour écrire une chanson, j’écoute mon âme et la manière dont Dieu m’inspire.

L.C.K : Un mot sur la polémique qui défraie la chronique entre certains musiciens gospel ?

E.E : Pour moi, il n’y a pas de polémique autour des musiciens chrétiens. Les gens pensent qu’être un musicien chrétien, c'est quand on cite le nom de Jésus-Christ dans la chanson, c’est faux. Aujourd'hui, les gens deviennent musiciens chrétiens parce qu'ils ont peur des fétiches, et vous observez qu’un musicien qui se dit chantre de Dieu n’a rien d'un chrétien en lui, mais il interprète les chansons chrétiennes. D’autres font la musique chrétienne pour se préparer à devenir pasteurs, car le pastorat paie mieux que toute autre profession, mais en eux, on trouve rien d'un chrétien converti. Les faiblesses, nous en avons tous, raison pour laquelle Dieu nous accorde le temps pour apprendre. On est chrétien, pas pour montrer aux gens, mais pour vivre la chrétienté. En ce qui me concerne, il n’y a pas de polémique, les vrais chrétiens existent et sont là…

L.C.K : Le phénomène de sextape des « serviteurs de Dieu » (musiciens et pasteurs) de Kinshasa a certainement heurté la morale et semer de la confusion dans le chef de plusieurs croyants...

E.E : Personne n’est parfait. L’erreur est humaine, je n’ai pas la force et le pouvoir de condamner qui que ce soit. Seulement, l’on doit savoir qu’un travail divin exige une certaine conduite.

L.C.K : Dans certaines vidéos sur les réseaux sociaux, vous sensibilisez sur le patriotisme, l’amour du pays, des sujets civiques...

E.E : Au sujet des vidéos sur l’éveil de conscience, c’est un souci majeur que j’ai, et je ne suis pas encore si outillé pour bien me faire entendre. Cependant, mon pays a un grand problème de conscience et mentalité qui se sont détériorées par les mauvais enseignements dans des églises, par la mauvaise gouvernance, bref, par la pauvreté. Mais un homme qui se connaît peut tout gérer, voilà pourquoi j’apprends à conscientiser mes semblables avec la petite connaissance qu’on peut avoir.

L.C.K : Cette carrière de musicien gospel nourrit-elle bien son homme ? Car Enoch Ebadu, c’est aujourd’hui une famille, avec une ravissante femme et une magnifique fillette dont il faut prendre soin…

E.E : Pour être sincère, je ne suis pas riche, mais je vis bien par la grâce de Dieu. Je ne suis pas seulement musicien, je suis artiste et je vis de l’art (rires).

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Enoch Ebadu a lancé Yo nde bomoyi sur les plateformes de téléchargement

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