Interview. Georges Kilébé : « Lorsque nous aurons la paix et la sécurité de manière irréversible, les choses se normaliseront au fur et à mesure »

Mardi 3 Avril 2018 - 12:15

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Après la signature en décembre 2017 de l’accord de cessez-le -feu et de cessation des hostilités entre le gouvernement et les représentants du pasteur Ntoumi, la vie a repris son cours à Kinkala, chef-lieu du département du Pool. La paix s’installe progressivement et la population vaque normalement à ses occupations. Dans cette interview exclusive avec Les Dépêches de Brazzaville, le préfet du département du Pool a affiché son optimisme pour le retour définitif de la paix, même s’il reste encore beaucoup à faire.

 

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.). : Monsieur le préfet, comment va Kinkala deux ans après les hostilités ?

Georges Kilébé (G.K.) : La paix règne dans la ville de Kinkala. Nous avions connu des périodes difficiles, mais aujourd’hui, il y a l’accalmie, Kinkala vit maintenant dans la paix et la sérénité.

L.D.B. : Comment avez-vous procédé pour que le chef-lieu de votre département retrouve cette accalmie ?

G.K. : Nous avons élaboré plusieurs stratégies. A chaque évolution de la situation, il a fallu bâtir des stratégies pour maintenir kinkala et éviter sa chute, ainsi que celle des treize autres districts du département du Pool. Puis, il a fallu fédérer des énergies avec les collègues de la force publique, de l’administration du territoire ainsi qu’avec les sages et les notables pour ramener la paix et la sécurité.

Nous avions eu le privilège d’accompagner les sages et les notables du Pool, le 3 octobre 2017, auprès du président de la République qui a tendu sa main pour le retour de la paix dans ce département. Les enfants du Pool, de leur côté, n’ont pas manqué de la saisir. Puis, sont intervenus les accords de cessation des hostilités et de cessez-le-feu signés entre le gouvernement et les partisans du pasteur Ntoumi, le 23 décembre 2017, ici à Kinkala.

Enfin, il y a eu la mise en place de la commission ad hoc mixte paritaire qui travaille actuellement. Sur le terrain, elle a déjà lancé officiellement l’opération de sensibilisation depuis le 20 mars dernier. Je faisais partie du convoi qui a procédé à l’ouverture des voies de Brazzaville à Kinkala, Mindouli jusqu’à Kindamba pour ramener la libre circulation des personnes et des biens. Nous avons également mis en place tout un assemblage de tactiques pour ramener la paix, non seulement à Kinkala, mais aussi dans tout le département du Pool.

L.D.B .: Au cours de votre mini-tournée dans d’autres districts, vous avez sûrement eu l’occasion de rencontrer des ex-combattants ninjas. Que réclament-t-ils ?

G.K. : Les ninjas font partie prenante pour la paix. Ce besoin se fait sentir clairement. Ils ont exprimé leurs préoccupations aux membres de la commission ad hoc mixte paritaire. Ces préoccupations seront examinées et des solutions pourraient être trouvées.

L.D.B. : D’après la population, les ninjas viennent à Kinkala pour s’approvisionner et repartent dans la forêt….

G.K. : Non ! Ils ne repartent pas dans la forêt. Les ninjas habitent dans des villages proches de Kinkala et autour des grandes agglomérations comme Mindouli, Kidamba et autres. Je les ai rencontrés dans les villages et non dans la forêt. L’une des conclusions de la commission ad hoc mixte paritaire est la libre circulation des personnes et des biens. Ces ninjas sont aussi des citoyens congolais.

Nous nous sommes engagés dans le processus de paix, donc, ils ont le droit à la libre circulation. Ils peuvent venir s’approvisionner et repartir dans leurs villages. Nous voulons qu’ils se comportent en bons citoyens et non en ex-combattants. D’ailleurs, ils n’ont pas le droit de se promener avec leurs armes. Même dans leurs propres villages, nous avons remarqué qu’ils ne portent plus les armes. Ils les ont gardées quelque part et attendent le désarmement officiel.

L.D.B. : En dehors de Kinkala, l’école a-t-elle repris dans d’autres districts ?

G.K. : L’école est encore fermée dans le district de Vindza. Par contre, elle a repris dans le district de Kimba. Dans le district de Kindamba, le collège fonctionne, contrairement à d’autres localités comme Kinkembo, Loulombo et autres, où la population a abandonné les lieux. Il va de soi que l’hôpital aussi ne fonctionne pas, puisque ce sont les zones qui étaient occupées par l’armée qui traquait les ex-ninjas, et de l’autre côté, les ex-ninjas qui faisaient des incursions dans des villages. Mais, à Kinkala, Boko, Loumo, Louingui, Igné etc…,les élèves ont repris le chemin de l’école.

L.D.B. : L’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou N’Guesso, et sa Fondation viennent de distribuer des vivres aux déplacés. Quelles doléances avez-vous présentées ?

G.K.: Nous avons tout simplement besoin de la paix et la sécurité. Toutes les autres doléances sont subordonnées au retour de la paix et la sécurité. Lorsque nous aurons la paix et la sécurité garanties, de manière irréversible, les choses vont se normaliser au fur et à mesure.

 

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

-Le préfet du Pool, Georges Kilébé/ crédit photo Adiac

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