Italie-Congo : Matteo Renzi se saisit du dossier des adoptions

Mercredi 23 Avril 2014 - 15:53

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Le Premier ministre relance l’affaire des adoptions bloquées d’enfants de RDC par des familles italiennes en téléphonant au président Kabila

En règle générale, le Premier ministre italien fait ce qu’il promet. C’est devenu sa force depuis les deux mois qu’il est placé à la tête du gouvernement à Rome. Fin février, il avait annoncé qu’il se saisirait lui-même du dossier des adoptions de petits Congolais par des familles en Italie. L’affaire avait bien démarré ; la vingtaine de familles italiennes était même venue à Kinshasa attendre les documents officiels de voyage pour que ces enfants soient dans leurs familles d’accueil pour les fêtes de Noël, par définition fête des enfants.

Mais à la dernière minute, Kinshasa avait mis le holà. Arguant de sa souveraineté indiscutable dans l’affaire, le gouvernement congolais avait tout arrêté car des irrégularités et des situations suspectes de trafic et même de maltraitance d’enfants avaient été décelées. Les coupables n’étaient pas forcément des Italiens, mais ceux-ci ont dû payer même pour les actes délictueux posés par certains. La relation Kinshasa-Rome s’en était trouvée passablement dégradée. Les assurances données par le Premier ministre, Matata Mpoyo, selon lequel les dossiers italiens seraient traités « en priorité et avec amabilité » en raison de l’amitié entre les deux pays sont restées vaines.

Car plus de cinq mois après, les choses n’ont visiblement pas avancé. Mercredi matin, le Premier ministre italien, Matteo Renzi, a indiqué qu’il téléphonerait au président Kabila. « J’ai rendez-vous au téléphone avec le président Kabila, président du Congo, aujourd’hui à 15h », a twitté le Premier ministre italien mercredi. Il répondait à une question sur l’état d’avancement du dossier. On devrait donc savoir dans les prochaines heures où en sont les choses. Les 24 familles italiennes concernées devraient encore patienter quelques heures pour que les épines sur la voie de ces adoptions soient ou non considérées comme levées.

L’affaire de ces adoptions empoisonne littéralement les relations diplomatiques de Kinshasa avec l’Italie. À Rome, elle a littéralement usé deux ministres (femmes) du gouvernement italien : l’Italo-Congolaise Cécile Kyenge Kashetu, ancienne ministre de l’Intégration qui avait fait le voyage de Kinshasa exprès, et la ministre des Affaires étrangères d’alors, Emma Bonino. Furieuse, celle-ci avait accusé Kinshasa de duperie : « Vous n’avez pas respecté les assurances verbales données à notre ministre Cécile Kyenge. C’est déconcertant ! », avait-elle fulminé.   

Après le retour une à une des différentes familles adoptantes en Italie, à Rome on était entré dans la résignation. Cristina Nespoli, présidente d’Enzo B, une des structures qui s’est le plus dépensée pour ces adoptions, avait dû faire l’amer constat : « Les autorités congolaises ne veulent plus subir de pression. Peut-être que la pression excessive n’a pas joué en faveur d’une solution à brève échéance. Dans tous les cas, il n’y a plus rien d’autre à faire que de respecter la décision congolaise et attendre avec patience. »

Lucien Mpama