Les immortelles chansons d’Afrique : « Gin-Go-Lo-Ba » de Babatunde Olatunji

Jeudi 15 Février 2024 - 21:13

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« Gin-Go-Lo-Ba » est une chanson qui continue à marquer des esprits depuis sa sortie en 1959. Son auteur, Babatunde Olatunji, qui a influencé nombre d’artistes de la scène internationale, demeure un maestro de la percussion.

Le disque microsillon 33 tours référencé CL 1412 et paru sous le label « Columbia » a été vendu à cinq millions d’exemplaires. Dans son livre Africa 100, Florrent Mazzolleni écrit :  « Cet album rassemble des musiques de procession ou des danses rituelles qui évoquent à la fois la religion, la politique ou différentes actions sociales et expriment les différentes facettes d’un tambour ».

Du yoruba « Gin-Go-Lo-Ba », traduit en anglais par  « drums of passion »,  peut être compris en français par « l’amour intense des tambours ». Dans cette chanson, trois  percussionnistes sont réunis autour du maestro Babatunde Olatunji, à savoir Baba Hawthome Bey, Montigo Joe alias Roger Sanders et Taiwo Duval. Sur le rythme ancestral et hypnotique produit par leurs tambours rayonne un chœur constitué de neuf chanteuses : Afuavi Derby, Akwasiba Derby, Barbara Gordon, Dolores Oyika Parker, Helen Haynes, Helena Walker, Ida Beebee Capps, Louise Young et Ruby Wuraola Pryor chantant en boucle : « Gin go, gin go ba, lo ba ba, lo ba ba, lo ba ba, lo ba ».

Cette chanson est un triomphe commercial. Différentes formes de tambours parlants sont à l’honneur et forment la base de nombreux styles nigérians et ont influencé plusieurs artistes à travers le monde. Serge Gainsbour, en 1964, se servira de ce tube pour composer « Couleur café ». en 1994, Manu Dibango prendra le relai pour le remixer en featuring avec Sunny Ade. L’album s’intitulera « Wakafrica ». Dans cette version, on écoute le hurlement du saxophone de Manu et la magnifique voix de Sunny Ade.  À cela s’ajoutent la version de Carlos Santana et Eric Clapton ou encore celle de  Fatboy Slim et bien d’autres. L’influence de ce tube se ressent encore aujourd’hui.

Babatunde est né le 7 avril 1927 à Ajido et mort à Salinas, en Californie. Son nom signifie le père est revenu. En 1950, il obtient une bourse pour les Etats-Unis. Vers la fin des années  1950, il sera repéré par Al Han, directeur de Columbia Records. De cette rencontre naîtra l’album « Drums of passion ». Cet opus inspirera des batteurs comme Elvin Jones et Art Blakey. En 1965, il crée avec John Coltrane « The Olatunji center for Africa culture ». En 1986, le cinéaste Spike Lee a inclus la chanson de Babatunde « Mystérie of love » dans son premier film « Sh’s gotta have it ». Babatunde  avait débaptisé son groupe « Drums of passion ». Il est un pionnier de la percussion qui a joué avec des géants  du jazz et de la musique du monde depuis les années 1960 jusqu’à sa mort le 6 avril 2003, à Salinas, en Californie, aux Etats-Unis.

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

La pochette de l'album

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