Littérature : mon hommage à Toni Morrison

Toni Morrison, l’une des plus grandes romancières que l’Amérique a produit, est décédée à l’âge de 88 ans, dans un hôpital de New York, entourée de sa famille et de ses amis, a annoncé le 6 août un communiqué de son éditeur.

Toni Morrison, c’est cette descendante d’une famille d’esclaves qui a donné une visibilité planétaire à la littérature des Africains Américains à travers ses romans comme « Le chant de Salomon ». Toni Morrison, c’est cette brillante universitaire, romancière, essayiste, critique littéraire, dramaturge, librettiste, professeure de littérature et éditrice, qui nous a laissé onze romans, rédigés sur une période couvrant six décennies, mais également des essais, des livres pour enfants, deux pièces de théâtre et même un livret d’opéra. Toni Morrison a véritablement exploré toute l’histoire des Noirs américains depuis l’esclavage jusqu’à leur place dans la société américaine actuelle engluée dans le racisme et la violence.

Une grande romancière a disparu, mais elle nous laisse en héritage des romans majeurs à l’instar de L’Œil le plus bleu (1970), Sula (1973), Le Chant de Salomon (1977). Mais la Toni Morrison qui m’a fait découvrir et aimer la littérature Afro américaine, c’est celle qui a écrit le magnifique et indispensable roman Beloved, une plongée dans l’univers des Noirs américains au XIXe siècle. Roman culte de cette auteure, acclamé par la critique et qui a remporté le Prix Pulitzer en 1988 avant d'être adapté au cinéma en 1998 avec Oprah Winfrey.

Toni Morrison est d’une importance capitale pour les jeunes auteurs et artistes qui explorent la mémoire du colonialisme et de l’esclavage ainsi que la façon dont ils contribuent à façonner nos sociétés aujourd’hui. Toni Morrison, a été la première auteure à traiter ces histoires avec une immense audace, à choisir de ne pas éviter ces sujets forts et douloureux. Toni Morrison s’est imposée à la littérature américaine parce qu’elle savait qui elle était. Elle assumait son identité de femme, de Noire, de descendante d’esclave, mais aussi d’Américaine. Elle était tellement sûre de son identité qu’elle pouvait la partager avec ses lecteurs.

Toni Morrison s’en est allée en ayant ouvert pour des générations entières de Noirs de nouvelles portes, en ayant brisé de nombreuses barrières. Toni Morrison fait partie de ceux qui ont permis à Barack Obama de croire que le rêve était possible. Puis le rêve se réalisa.

Une icône s’en est allée, mais continuons à murmurer à nos enfants sa prose intemporelle et libre, qui nous parle de la grande histoire de l’humanité.