Musique : «Nouveau combattant», le nouvel album de Zao

Samedi 20 Décembre 2014 - 11:15

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L’artiste musicien congolais, Zao, de son vrai nom Casimir Zoba a mis, depuis le 3 décembre 2014,  dans les bacs à Paris son nouvel album « NOUVEAU COMBATTANT ». Un album qui sera bientôt sur le marché du disque à Brazzaville, Kinshasa et partout en Afrique.

 Zao est l’un des chanteurs congolais les plus populaires du continent africain et auteur du fameux « Ancien combattant ». Il est aussi un compositeur, auteur et poète remarquable. Tel un  chroniqueur social, il use du rire, de l'ironie et la musique pour transmettre des messages. Ce grand artsite a fait son apprentissage musical, comme la plupart des artistes congolais de son temps, dans les chorales, les ballets et les groupes vocaux.

Lauréat du « prix découvert » RFI en 1982, année où il débute dans la musique, Casimir Zoba remporte également dès ses débuts le prix ACCP pour son titre « Sorcier ensorcelé ». Ce prix lui ouvre les portes pour un exemplaire parcours musical avec des chansons comme « ancien combattant », « soulard », « moustique » et bien d’autres. Il est, à ce jour, détenteur de huit albums dont le « nouveau combattant » actuellement sur le marché, n’est sans doute pas le dernier.

                                                  

Les Dépêches de Brazzaville : Vous avez intitulé votre nouvel album « Nouveau combattant », telle une réplique à votre titre phare « Ancien combattant ». Pourquoi avoir fait ce choix ?

Zao : J’ai choisi de faire un clin d’œil à « Ancien combattant » parce que le monde traverse beaucoup de problèmes. Je voudrais attirer l’attention des gens en leur disant que la guerre ce n’est pas bon. Nous devons fournir des efforts dans ce sens. Les artistes ne sont pas des pyromanes. Nous jouons un rôle de sapeurs-pompiers, nous avons un grand rôle à jouer, celui d’avertir les gens autour de nous des dangers et des conséquences des guerres. C’est dit dans les discours, mais la chanson vient en complément.

Nous attirons l’attention parce que le monde est en train de brûler ici et là, de l’Angola au Katanga, du Rwanda et maintenant en Ukraine, la Syrie et la guerre entre la Palestine et l'Israël qui ne finit jamais. C’est pourquoi, en tant qu’êtres humains et chanteurs engagés, nous avons le devoir de dire aux gens que la guerre ce n’est pas bon.

Il y a d’autres morceaux dans cet album. Mais Nouveau combattant m’attire plus parce que j’ai voulu rendre le témoignage du jeune soldat. L’ancien combattant est passé mais que pense le jeune soldat par rapport à la guerre ? C’est lui qui est sur le terrain, il a été en Syrie, en Ukraine, en Tunisie, en Côte d’Ivoire au Rwanda, à l’est de la RDC …Ce jeune a déclaré « qu’il en a marre » en tant que nouveau soldat, il veut ranger son arme, ses Rangers, parce qu’il a saccagé, il a fait beaucoup de mal, des bêtises et il dit "c’est fini".

L.D.B : Ce titre apparaît tout de même comme du déjà entendu. L’inspiration a-t-elle tari ?

Zao : L’inspiration n’a pas tari. Le nouveau combattant est un titre et ce n’est pas la même chose que l’ancien combattant. La guerre est un sujet vaste, je vais prendre l’exemple des prêtres qui ont prêché, prêchent et prêcheront sur les dix commandements. S’arrêtent-ils ? Non, ils continueront toujours. Je suis comme eux, je ne dois pas baisser la garde, je dois toujours interpeller le monde car c’est un sujet qui m’est cher. Nous, Africains, sommes très en retard, si on investit seulement dans la guerre, nous ne ferons que ramener nos pays en arrière, vers l’âge primitif ou l’âge de la pierre taillée.

L.D.B : De quoi parlent les autres textes de ce nouvel album ?

Zao : Je rentre toujours dans des forêts vierges qui n’ont pas encore été exploitées. J’ai chanté le ballon du football en tant qu’objet. Les vingt deux joueurs s’attaquent au pauvre ballon. J’ai imaginé que si le ballon était personnifié, personne ne lui viendrait en aide ; les joueurs s’acharnent pour le foutre dans les filets, le pauvre ballon, quand le tir est trop fort il éclate. Vous savez, les artistes sont des observateurs. Ce que l’on voit nous pousse à écrire et cela peut parfois ressembler à des symphonies inachevées mais chacun en écoutant tire une leçon. Il y a pas mal d’infrastructures construites aujourd’hui pour le ballon, certaines personnes sont devenues très riches grâce au ballon et qu’est ce que le ballon gagne ? Pauvre cuir.

Les gens prendront cette chanson au premier ou deuxième degré. C’est une œuvre d’art, à chacun de comprendre, ou de le prendre comme bon lui paraît. Moi-même, je le prends au premier degré et je ne parle que du ballon.

L.DB : Le rire et l’ironie sont finalement votre marque de fabrique ?

Zao : Je suis toujours en quête d’humour. Je ne peux pas changer. Dans le quartier et avec les amis j’ai toujours le sourire, toujours en quête d’humour.

L.D.B : Le featuring est la mode chez la plupart des musiciens. Êtes-vous aussi adeptes de ces collaborations ?

Zao : C’est une mode et j’ai déjà fait des futiring avec Mpassi de Biso na Biso, la chanson moustique par exemple a été chantée avec Biso na Biso. Pour la protection de la faune et de la flore à Kinshasa en RDC, je l’ai fait avec Zola, Fally Ipupa, Mbilia bel et j’ai fait dernièrement une chanson avec les musiciens de chez nous, Charman Jacques Koyo, Roga Roga. Nous faisons des featuring sans le savoir, c’est un mouvement qui ne peut pas nous échapper.

L.D.B : Le prix Découverte de RFI vous a lancé en 1982 et actuellement ce même prix a lancé Freddy Massamba. Le connaissez-vous ? Quelle appréciation faites-vous de son travail artistique ?

Zao : C’est un garçon que je connais et que j’admire. Il est en train de faire des prouesses. Il a commencé ici à Brazzaville, au CCF avec les Tambours de Brazza. Il excelle dans le Rnb, un genre tout à fait particulier. Je pense que c’est un garçon qui a de l’avenir. Il a récemment obtenu un prix en Belgique sur les awards, il m’a appelé pour me l’annoncer, je suis très fier et je lui demande de continuer, de tenir bon car seule la lutte libère.

L.D.B : Un dernier mot ? 

Zao : concernant la musique je me porte bien, le disque est dans les bacs maintenant à Paris et d’un moment à l’autre il arrivera à Brazza. Ceux qui pensaient que j’avais des difficultés à sortir cet album s’étaient trompés. Mieux vaut  tard  que jamais, il est là. Je demande aux mélomanes de soutenir la musique congolaise car nous, musiciens congolais, avons besoin de soutien. Je ne dis pas soutien gorge mais soutien.

 

Info : Zao sera en concert ce samedi 20 décembre à l’occasion des 20 ans de l’Institut français du Congo, ex CCF

 

 

Propos recueillis par Sosthène Milandou

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 et 2: Zao en concert/ Crédit: (DR)