Obsèques d’Etienne Tshisekedi : la RDC célèbre une icône de la démocratie

Jeudi 30 Mai 2019 - 14:45

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Nonobstant le retard pris par le rapatriement, ce 30 mai, de la dépouille de l’opposant historique, de Bruxelles vers Kinshasa, pour des raisons logistiques, la ferveur populaire ne faiblit pas.

« On ne pleure pas un héros, on le célèbre », entend-on dire comme pour justifier la connotation festive que prennent de plus en plus les obsèques (du 31 mai au 1er juin) d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, décédé à Bruxelles le 1er février 2017 à l’âge de 84 ans. A quelques heures de l’arrivée de la dépouille, en provenance de Bruxelles, l’effervescence gagne du terrain. Panneaux géants à l'effigie du « Sphinx » de Limete, spots publicitaires balancés à tout vent dans les médias, impression des pagnes estampillés « Père de la démocratie », assainissement du site devant abriter les obsèques, appels à la mobilisation tous azimuts, etc., tout y est pour donner un éclat particulier à l’événement. Des artistes-musiciens tels que Werrason, JB Mpiana, Félix Wazekwa et tant d’autres ont été mis à contribution pour susciter un véritable engouement dans ce que les détracteurs de Félix Tshisekedi considèrent comme une quête d’adhésion populaire sous couvert des funérailles qu’ils jugent du reste inopportunes et inutilement dispendieuses.    

Visiblement, la liesse tend à prendre le dessus sur la douleur au regard de la ferveur populaire déjà perceptible à Kinshasa. La présence annoncée de plusieurs personnalités nationales et étrangères à ces funérailles ajoute une pression supplémentaire sur les organisateurs obligés de se surpasser.  Car Félix Tshisekedi sera à son deuxième grand événement public majeur après son investiture en janvier. Six chefs d’Etat ont, en effet, confirmé leur participation. Denis Sassou N'Guesso du Congo-Brazzaville (il serait accompagné de son épouse), l'Angolais Joao Lourenco et son ministre de l'Intérieur, le Zambien Edgar Lungu, le Togolais Faure Gnassigbe, le Guinéen Alpha Condé et le Rwandais Paul Kagame. Un baptême de feu pour le nouveau protocole d’Etat !

C’est non sans raison que la journée de ce jeudi a été déclarée chômée et payée, pour donner plus de relief à l’hommage populaire que les Congolais attendent réserver à celui qui a ouvert les vannes de la démocratie dont ils palpent aujourd’hui les effets salvateurs. Le retard pris dans le rapatriement du corps n’a hélas pas refroidi leurs ardeurs. Attendu dans la matinée, c’est finalement en début de soirée que l’avion transportant la dépouille du leader historique de l’opposition congolaise (un airbus A330), en plus d’une quarantaine de passagers triés sur le volet, devrait atterrir à l’aéroport international de Ndjili. Officiellement, des raisons logistiques expliqueraient ce couac ayant légèrement perturbé le programme initial sans pour autant en modifier le contenu.

 L’essentiel pour le commun des Congolais est de voir le corps de feu Etienne Tshisekedi être finalement rapatrié après les atermoiements du régime précédant dont les conditionnalités ont inutilement tiré les choses en longueur. Deux ans après, et à la faveur de l’alternance intervenue au sommet de l’Etat avec l’avènement du fils Tshisekedi à la tête du pays, la voie est balisée pour que la mémoire de l’illustre disparu soit dignement honorée. L’un des temps forts des funérailles reste sans doute l’élévation du défunt au statut de héros national, une manière pour la nation tout entière de reconnaître les mérites de cette icône de la démocratie dont le corps reposera pour l’éternité dans la périphérie est de Kinshasa (commune de la N’Sele) dans un mausolée érigé dans la concession familiale.

Alain Diasso

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