Piraterie maritime : un danger pour les économies du golfe de Guinée

Samedi 25 Août 2018 - 15:04

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Observée depuis quelques temps, la piraterie risque, si l’on n’y prend garde, de rendre infréquentables, par voie maritime, les pays de la région, tout en les plongeant dans une paupérisation économique sans précédent.

Dans la partie de l’Afrique riche en ressources pétrolières, poissonnières et écologiques, la communauté mondiale gagnerait en soutenant les efforts des pays de la région dans la surveillance des eaux territoriales et internationales ainsi que dans la répression des actes illicites en mer.

Car il est difficile pour les pays du golfe de Guinée, au regard de l’amenuisement de leurs moyens, de s’assurer convenablement le contrôle à la fois dans la zone économique exclusive et en haute mer.  

La disparition récemment d’un tanker au large des côtes gabonaises en est une parfaite illustration des capacités de nuisance des pirates qui écument la région maritime, située entre le Sénégal et l’Angola, sur l’océan Atlantique.

Il est donc attendu la solidarité maritime internationale, comme cela a été le cas, il y a quelques années, dans la région stratégique de la Corne de l’Afrique. De leurs côtés, les pays du golfe de Guinée sont appelés à appliquer les dispositions des textes internationaux parmi lesquels la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

Signée en 1982, cette convention dite de Montego Bay est entrée en vigueur en 1996. Elle commande que les Etats coopèrent pour réprimer la piraterie en haute mer. La République du Congo, avec ses 170 km de côte, a ratifié ce texte maritime en 2008.

Pour le président de l’Association congolaise du droit maritime (Acodm), Eric Dibas-Franck, « il est plus qu'urgent pour les pays du golfe de Guinée de mettre en œuvre les instruments internationaux qu'ils ont ratifiés, notamment la convention de Montego Bay mais aussi de concrétiser plusieurs initiatives au nombre desquelles l'adoption en 2013 par chaque État de la région d'un code de conduite sur les activités illicites ».

A cela s’ajoutent d’autres initiatives régionales, épinglées par le président de l’Acodm, à savoir la décision des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest et de la commission du golfe de Guinée de créer un centre interrégional de coopération ; celle des chefs d'Etat africains de faire de l'économie bleue un des piliers de leur agenda 2063 ainsi que l'adoption d'une charte dite de Lomé sur la sécurité et la sûreté maritimes.

« Les États du golfe de Guinée sont tenus de réaliser une véritable domestication de ces dispositifs législatifs et réglementaires, notamment dans la finalisation et la promulgation des lois sur la coordination des actions de l'Etat en mer, partant de leur mise en œuvre. En plus, de solliciter une contribution substantielle des partenaires au développement car la piraterie maritime constitue un frein au développement », estime Eric Dibas-Franck.

Et de renchérir : « Il est également urgent que certains États développés et organismes tels que l'Organisation maritime internationale continuent à contribuer aux efforts des pays du golfe de Guinée en apportant leur savoir-faire, un soutien technique et matériel ainsi que des financements qui font cruellement défaut aux États du golfe de Guinée ».

Le golfe de Guinée constitue une sorte de réservoir des ressources pétrolifères des grands pays producteurs de l’or noir en Afrique subsaharienne. Il s’agit du Nigeria, de l’Angola, de la Guinée équatoriale, de la République du Congo et du Gabon. Touchés fortement par la crise due à la chute des cours du pétrole sur le marché mondial, ces pays initient des stratégies pour redresser leurs économies. Les actes de piraterie affaibliraient les efforts de relance économique de ces pays qui dépendent en grande partie de l’exploitation pétrolière. Ils empêcheront le bon déroulement des activités d’exploration et d’exploitation de même que celles liées à la commercialisation.  

Plusieurs compagnies étrangères, précisément américaines, anglaises, françaises, italiennes, chinoises et autres, exploitent les hydrocarbures –liquides ou gazeux-dans les pays du golfe de Guinée. Il s’avère nécessaire d’épargner cette région des actes de sabotage, de destruction et de piraterie en haute mer.

Le golfe de Guinée dispose, hormis les hydrocarbures, d’un écosystème marin qui contribue à la régulation de la température et à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est une zone où se pratiquent également les activités de pêche maritime artisanale et industrielle. 

Christian Brice Elion

Légendes et crédits photo : 

Navires à quai dans un port maritime d'Afrique

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