Tchad : l'opposition exige un débat parlementaire avant l’envoi des troupes au Sahel

Samedi 30 Novembre 2019 - 14:56

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Alors que la Constitution du pays prévoit que l’Assemblée nationale n’est consultée que si l’intervention des troupes à l’extérieur dépasse quatre mois, pouvoir et opposition ne cessent, ces derniers temps, d’afficher des positions divergentes sur l’éventuel envoi des contingents pour appuyer la force régionale.

« Si nous ne déployons pas nos troupes dans des pays africains frères, il ne faut pas que les Tchadiens s’étonnent qu’un jour nous soyons, à notre tour, attaqués », a estimé Jean-Bernard Padaré, membre du MPS, le parti au pouvoir. « Pour sécuriser les Tchadiens, il vaut mieux aller combattre les djihadistes là où ils sont en ce moment », a-t-il souligné.

Bien que le régime soit favorable au déploiement des troupes au Sahel, une grande partie de l’opposition qui soutient aussi l’effort du pays dans la lutte contre le terrorisme veut a priori que la question soit examinée à l’Assemblée nationale. Elle défend cette position par le désir de connaître du coût humain et financier de l’opération.

« Est-ce que le président Idriss Déby Itno peut décider, seul, du sort des Tchadiens qu’il peut envoyer sur n’importe quel front en Afrique ? », s’est interrogé, par exemple, Saleh Kebzabo, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau. « Cette manière de faire doit cesser. Le Tchad ne doit pas être le pays fournisseur d’hommes ici ou là sans demander d’autorisation. Quand on envoie les enfants d’autrui au front, il faut quand même être informé des conditions. Est-ce qu’ils vont être payés, par qui et comment ? », a-t-il poursuivi.

Une fois l’envoi des troupes tchadiennes approuvé, les militaires seront dépêchés dans la zone des trois frontières, Burkina Faso, Mali et Niger. Ce qui viendrait à point nommé puisque lors de la récente visite à N’Djamena de la ministre française des Armées, Florence Parly, les deux parties avaient évoqué l’engagement du Tchad pour la sécurité au Sahel.

Le Tchad est un partenaire historique de la France et joue un rôle prépondérant dans la lutte contre le terrorisme dans cette région. Quant à la capitale tchadienne, elle accueille le poste de commandement de l’opération Barkhane qui s’étend au Niger, au Mali, au Burkina Faso et à la Mauritanie.

Après le succès de l’opération Serval en 2013, les troupes françaises sont engagées depuis 2014 dans la montée en puissance des armées du G5 Sahel qu’elles accompagnent dans la lutte contre la menace terroriste. Leur effectif dans la bande sahélo-saharienne est estimé à quatre mille cinq cents militaires.

Nestor N'Gampoula

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