VIH-Sida : les PVVIH organisent une manifestation revendicative

Lundi 14 Novembre 2016 - 12:15

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Plus de 300 personnes vivant avec le VIH-Sida ont manifesté samedi à Brazzaville pour reclamer une meilleure prise en charge par l’Etat en médicaments antirétroviraux. Bravant la pluie, c’est au siège du Réseau national des associations des positifs du Congo (Renapc) que bandéroles et papiers repartis en slogans ont été exhibés de façon tout a fait pacifique. 

La manifestation revendicative a été l’occasion de dire leur ras-le-bol aux épreuves qu’ils endurent depuis 2011, surtout depuis 5 mois, à travers les ruptures d’antirétroviraux (ARV), des réactifs de bilan biologique du VIH/Sida et ceux de dépistage des nouveaux cas VIH+ susceptibles d’être inclus au traitement et les antituberculeux. La grogne a eu également pour effet d’interpeller les pouvoirs publics sur la réhabilitation de la centrale d’achat des médicaments et autres consommables de santé.

Pendant près de deux heures, à visage découvert, les PVVIH ont appelé à l’amélioration de la qualité de vie tant des personnes vivant avec le VIH que des malades de la tuberculose. Ils ont rappelé les articles 4 et 5 du chapitre 1 de la Loi n° 30 - 2011 du 3 juin 2011, portant lutte contre le VIH et le sida et protection des droits des personnes vivant avec le VIH.

Sur les murs du batiment en face du siège du Renapc, des papiers au format A4 sur lesquels les PVVIH ont mentionné leur revendication. « Rupture prolongée des ARV et des anti-tuberculeux  égale mort assurée des PVVIH », peu t-on lire. « 4 mois de rupture de stock, c’est trop ! » ou encore « gratuité des ARV des anti-tuberculeux et réactifs du bilan biologique du VIH nécessite la mise en place d’une centrale d’achat indépendante ».

Acteur indispensable de la lutte contre le VIH-Sida, Thierry Maba qui assure le plaidoyer au Renapc, a évoqué une situation de « guerre » car pour lui « la lutte contre le VIH-Sida constitue un véritable conflit à remporter pour sauver des vies même si les regards sont orientés dans le département du Pool actuellement ».

Débout et parfois couché à même le sol en signe de récrimination, les PVVIH ont martelé sur ce qu’ils considèrent comme prioritaire : « l’approvisionnement  par l’Etat en ARV est prioritaire parce qu'en situation de rupture de stock on n’en trouve pas dans les officines de la place ».  D’autres évoquent l’« achat de 6 mois des ARV, reactifs de suivi biologique et dépistage du VIH et antituberculeux en stock initial, trois mois de stock de sécurité et lancer chaque trois mois une commande ».

Assurer un accès équitable aux soins de qualité

Selon les statistiques officielles, le Congo compte à ce jour 38.500 personnes séropositives éligibles aux ARV. Parmi lesquelles 17.884 PVVIH adultes et 1.452 enfants sont sous antirétroviraux actuellement prises en charge dans 56 sites sur 77 prévus, selon le rapport décembre 2014 du CNLS.

Mais la prise en charge médicale connaît des dysfonctionnements  incompréhensibles dans la fourniture des ARV, des médicaments liés aux infections opportunistes et des réactifs. Malheureusement, 19.164 sont en attente d’être mis sous traitement depuis 2014. Le Renapc estime que sans même faire des enquêtes, il peut affirmer que la plupart de ces malades sont déjà décédés.  

Les revendications actuelles trouvent leur sens dans le dysfonctionnement d’un système à révoir globalement, selon les PVVIH. L’analyse du système d’approvisionnement en médicaments essentiels du Congo réalisée en 2007 avec l’appui de l’OMS avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur les erreurs qui semblent se répéter des années plus tard, souligne le Renpac.

Selon un document de ce réseau, cette analyse montrait un financement important du médicament malheureusement mal utilisé.  Elle épingle aussi une multitude d’intervenants dans le système des approvisionnements, une absence de coordination de l’intervention des différents intervenants et des quantifications des besoins nationaux en médicaments, mais également le non respect du circuit national d’approvisionnement en médicaments essentiels.

« Une rupture est toujours le signe d’une défaillance dans la gestion, la quantification, l’approvisionnement, le stockage,  la distribution et la dispensation des médicaments. Elle impose des améliorations qui passent par un appui et un renforcement des compétences. De même un ministère de la Santé sans approvisionnement des médicaments est une coquille vide », a souligné Jean Pierre Mahoungou, directeur exécutif du Renapc.

Après la manifestation revendicative du 12 novembre, la prochaine étape serait une grève de la faim si la situation ne s’améliore pas, ont laissé entendre  les PVVIH, qui se sont exprimés malgré la pluie.

Une situation réformée dont le déclencheur devrait être « une commande en ARV devant couvrir au moins neuf mois, dont un stock de sécurité de trois mois, et une  commande régulière tous les trois mois », a laissé entendre Thierry Maba. 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Couchées à même le sol dans une salle du Renapc, les PVVIH ont simulé la mort que subissent la plupart d'entre eux en raison d'absence de médicaments

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