Environnement : John Kerry ou le retour des Etats-Unis dans le combat climatique

Jeudi 26 Novembre 2020 - 20:29

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Par un hasard du calendrier, c’est le 4 novembre, au lendemain de la présidentielle américaine, que ce pays est officiellement sorti de l’accord de Paris sur le climat.

Il s’agit là de l’aboutissement de la procédure lancée en juin 2017 par Donald Trump. Ce dernier a ensuite dû attendre le 4 novembre 2019, trois ans après l’entrée en vigueur du texte, pour notifier son retrait à la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). Et attendre encore un an pour que la décision devienne officielle.

Mais avec la victoire de Joe Biden lors de la présidentielle américaine, les États-Unis pourront revenir dans les négociations climatiques. Le candidat démocrate l’a affirmé à maintes reprises durant sa campagne. Sa première initiative à l’échelle internationale consistera à renouer avec l’accord de Paris sur le climat. Cela serait effectif trente jours après la notification de cette réintégration par le nouveau président auprès de la CCNUCC. Donc au plus tôt le 20 février 2021. Joe Biden a également promis de réunir sous cent jours les dirigeants des nations les plus polluantes pour un sommet sur le climat où il entend convaincre ces pays de revoir à la hausse leurs engagements pour le climat. Il a lui-même adopté un programme climat ambitieux, avec en clé de voûte 100 % d'énergie propre et la neutralité carbone d’ici 2050. Il a aussi promis d’annuler les décisions de Donald Trump qui avait révoqué ou assoupli toute une série de normes environnementales.

Pour matérialiser son engagement pour le combat climatique, Joe Biden a déjà nommé John Kerry au poste de représentant spécial pour le climat de sa future administration qui entrera en fonction au mois de janvier prochain. C’est John Kerry lui-même qui signa, au nom des Etats-Unis, l’accord sur le climat négocié en décembre 2015, lorsqu’il était le chef de la diplomatie de Barack Obama.

A la suite de sa nomination, le futur monsieur climat des Etats-Unis a tweeté le message suivant : « Je retourne au gouvernement pour remettre l’Amérique sur la bonne voie face au plus grand défi de cette génération et face à ceux qui suivront ». Rappelons que John Kerry est un poids lourd parmi les poids lourds de la planète démocrate. Outre le fait d’avoir été secrétaire d’Etat de Barack Obama, il a été candidat malheureux à la Maison Blanche en 2004, et il est resté sénateur 28 ans, spécialisé dans les affaires étrangères.

La nouvelle feuille de route américaine pour le climat

Chaque année d’inaction climatique sous la présidence Trump a rendu la guerre climatique encore plus ardue à gagner. Il est vrai que les émissions de gaz à effet de serre américaines se réduisent naturellement, avec l’essor des énergies renouvelables et, cette année, un coup de pouce de la pandémie de covid-19, mais pas assez vite pour atteindre l’objectif affiché par Joe Biden: la neutralité carbone en 2050.

A la signature de l’accord de Paris, l’idée d’un monde neutre en carbone 35 ans plus tard, un monde où le résidu d’émissions de carbone serait entièrement compensé par des projets d’absorption du carbone paraissait si radicale qu’elle n’était pas explicitement incluse dans le texte. Mais, en cinq ans, nombre de pays et l’Union européenne se sont ralliés à l’objectif de 2050. La Chine a annoncé en septembre viser 2060, non sans critiquer l’inconstance des Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de CO2. La feuille de route de John Kerry sera de retrouver la confiance des partenaires des Etats-Unis et de prouver que la structure de l’accord de Paris, fragilisée par Donald Trump, était bien la bonne.

Cet accord n’impose pas de mesures aux pays signataires: il leur demande de fixer eux-mêmes leurs objectifs pour le climat, de les respecter et, éventuellement, de les rehausser. Cette formule peu contraignante est à la fois la force et la faiblesse du texte, dépendant de la bonne volonté des parties prenantes. Le temps presse. L’Amérique de Joe Biden devra dévoiler au monde, dès 2021, son nouveau plan climat, avec la conférence onusienne COP26 en ligne de mire, en novembre prochain à Glasgow (Ecosse).

 

 

 

 

 

 

 

 

Boris Kharl Ebaka

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