Dépigmentation 2.0 : Le blanchiment de la peau a fait une mise à jourVendredi 21 Mai 2021 - 13:13 Il est de la pensée collective Congolaise que la femme « brune » est celle qui attire le plus les hommes. Bien que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, les codes de beauté Africains tendent à placer la femme au teint clair sur un piédestal. Ces codes, nous auraient-ils été transmis par le moyen de la télévision, une télévision occidentale soit dite en passant ; nos grands-parents et ancêtres avaient-ils aussi un penchant pour les femmes claires et mêmes très claires ; ou la société ne peut-elle juste pas justifier cette préférence apparente et devrait assumer ses goûts ?
Les produits de « maquillage », comme on a vulgairement attribué ce nom à la dépigmentation, n’ont pas tardé d’inonder le marché des cosmétiques. La proximité d’avec le Congo « d’en face », à qui l’on doit cette chanson provocante, sur laquelle on a tous dansé, il faudra avouer (le rythme étant entraînant, typique de la musique congolaise), aura permis que le marketing fait autour de ces produits, notamment à coups de pubs à n’en plus chiffrer, et pour le coup de chansons… atteigne les âmes innocentes de nos jeunes congolaises. Innocentes jusqu’à ce qu’elles aient été complètement séduites par les produits et leurs promesses de vente. Seulement voilà, il y avait un hic, un petit détail que ces marketeurs avaient « oublié » de mentionner : ces produits, autant qu’ils aient été promus, contenaient tous de l’hydroquinone ; un agent éclaircissant introduit en médecine clinique dans les années 60 dans le but originel de traiter les cas d’hyperpigmentation tels que le mélasma, couramment connu sous le nom de masque de grossesse ; plus prononcé chez les femmes d’origine africaine, du fait de leur fort taux de mélanine.
La rue, bien taquine, ne tardera pas à nommer ces marques par des termes comme « Mbata » (gifle en Français) ou l’hilarant « Si je savais… ». Bien qu’un tel revêtement ne soit pas très esthétique, il y avait aussi des problèmes de santé qui accompagnaient ce souci esthétique entre autres la fragilisation de la peau, qui ne pouvait plus supporter les chocs, les blessures et une hyper-exposition au soleil, sans parler des risques de cancer, et du diabète cortico-induit, corticoïdes souvent associés à ces produits. Avec le problème sont venues des propositions de solutions comme des savons et crèmes anti tâches, mais aussi des lotions pour retrouver son teint naturel, tant bien que possible. L’apparition de ces conséquences a tôt fait de calmer l’ardeur des jeunes femmes congolaises, jusqu’à ce qu’apparaissent de nouvelles offres sur le marché parmi lesquelles la plus séduisante a été : le glutathion ou produit de dépigmentation 2.0. Ses plus ardents défenseurs lui vantent des caractéristiques naturelles, bien que le produit soit majoritairement commercialisé sous sa forme synthétisée. L’argument de taille mis en vente par ses promoteurs est le fait qu’il accorde un teint uni, sans tâche, un « teint métisse ». Le voilà justement, enfin clairement énoncé, l’argument jusque-là encore un peu voilé : la recherche d’un teint « métisse ». Au-delà des arguments esthétiques superficiellement mis en avant, la question de la dépigmentation classique ou moderne, à risque ou peu moins révèle surtout un vrai problème identitaire. Avant de s’engager sur la voie de la dépigmentation, chaque femme devrait se poser la question de qui elle est et des valeurs qu’elle veut incarner, pour elle, et pour la société qu’elle va modeler en tant que citoyenne et en tant que mère. Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Photo 1: préparation d'une injection
Photo: un client se faisant injecté un liquide éclaircissant Notification:Non |