Les souvenirs de la musique congolaise : rivalité entre les Bantous de la capitale et le groupe Tembo (suite)

Jeudi 1 Décembre 2022 - 18:20

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Parmi la multitude des groupes musicaux qui excellaient sur la scène musicale congolaise, deux se disputaient le leadership, notamment Tembo et les Bantous de la capitale. Cette rivalité connut sa fin au lendemain du départ de Jean Serge Essous aux Antilles, en 1967, et de la dislocation de l’orchestre Tembo en 1967.

 

 

C’est donc dans un climat de tension, ponctué d’invectives, de la provocation, d’attaques de toutes sortes, de suspicions et de polémiques interminables de la part des fans des deux orchestres que Tembo et les Bantous évoluèrent sur la scène musicale congolaise pendant plus de deux ans.

Les deux chefs d’orchestre, Daniel Loubelo de la Lune et Jean Serge Essous se regardaient en chiens de faïence, l’un soupçonnant l’autre de ce qui pourrait arriver pendant et au cours de leurs différentes prestations. De nos jours, la nature nous enseigne que chaque chose a un début et une fin.

En effet, la rivalité entre les deux orchestres eut sa fin en 1967, après plus de deux ans non seulement de guéguerre entre Essous et Loubelo, d’une part, mais aussi entre sympathisants qui se disputent le leadership de l’espace musical congolais, d'autre part.

A titre de rappel

L’orchestre Bantous était soutenu par un comité appelé « Comité Bantous » et Tembo avait pour supporters et sympathisants les rapatriés de Léopoldville (actuelle Kinshasa), l’association Amida et quelques ténors du régime révolutionnaire des 13, 14 et 15 août 1963 qui manifestaient de l’animosité envers l’orchestre Bantous qu’ils taxaient de contre révolutionnaire, parce que créé sous le régime de l’abbé Fulbert Youlou.

Cette guéguerre, ponctuée d’invectives, de provocations et d’attaques de toutes sortes de la part des fans des deux orchestres connut sa fin en 1967. Deux éléments factuels majeurs concoururent à la fin de ladite rivalité, à savoir le départ de Jean Serge Essous aux Antilles après la participation de l’orchestre Bantous de la capitale au Festival des arts nègres de Dakar, au Sénégal, en 1966, et la dislocation de l’orchestre Tembo en 1967.

En 1966, les Bantous de la capitale, après avoir participé au Festival des arts nègres à Dakar, furent invités à livrer des concerts sur place, à Ziguinchor et en Gambie. Leurs prestations furent un grand succès surtout avec l’exhibition de la danse « Boucher ». Sur le chemin du retour, ils firent escale à Abidjan, en Côte-d’Ivoire,  où un contrat de six mois leur fut proposé par la direction de l’Hôtel Ivoire. C’est au cours de ce séjour que Célestin Nkounka, redoutable séducteur dont la beauté et le charme enflamèrent le cœur d’une Ivoirienne prénommée Jeannine, petite fille du président Houphouet Boigny. Ce fut le début d’une idile qui se concretisa plus tard à Brazzaville par un mariage.

Leur séjour à Abidjan fut de courte durée, car un ordre venant de Brazzaville de la part des autorités congolaises leur demandait de rentrer illico au pays afin d’agrémenter les festivités marquant le troisième anniversaire de la révolution des 13, 14, 15 août 1963.  

Arrivé à l’aéroport d’Abidjan et après avoir rempli les formalités d’embarquement, la délégation constate l’absence de Jean Serge Essous. A cet effet, Mermans Mpassi (guitariste et ancien de l’orchestre Bantous), témoin de l’évènement, déclare ce qui suit : « Avant de quitter l’Hôtel Ivoire, Essous nous pria de le précéder à l’aéroport car, il avait certaines affaires à régler, notamment la finalisation du contrat avec le patron de l’Hôtel Ivoire et qu’il nous rejoindrait plus tard. Quelques temps après, le directeur de l’aéroport, par le biais du haut-parleur, demanda à Nino Malapet de venir répondre à un appel d’Essous. Sur ces entrefaites, Nino Malapet obtempéra et à son retour, nous informa qu’Essous ne fera plus partie du voyage et qu’il nous rejoindra plus tard à Brazzaville par une autre occasion. C’est en arrivant à Brazzaville que nous apprendrons plus tard que Jean Serge Essous s’était embarqué dans un bateau qui le conduisit à Marseille et de Marseille à Paris ».

A Paris, son séjour fut de courte durée, car ayant rejoint le Ryco jazz », qui signifie « rythmes du Congo », orchestre composé de quelques Congolais dont Freddy Nkounkou et Gerry Mayikani. Un opérateur économique congolais du non de Bayonne les emmena ensuite aux Antilles où il avait une propriété dénommée « Cabane Bantous ».

Certaines indiscrétions révélèrent qu'Essous aurait quitté momentanément le Congo à cause des menaces dont il était l’objet de la part de certains ténors de la Jeunesse du Mouvement national de la révolution qui voulaient de sa peau parce qu’il incarnait la force de l’orchestre Bantous.  (A suivre)

Auguste-Ken-Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

1-Le groupe Tembo 2- Les Bantous de la capitale

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