Environnement : la crue actuelle du fleuve Congo est-elle cyclique ?

Jeudi 4 Janvier 2024 - 18:24

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Des inondations trouble-fêtes qui ont atteint des niveaux rarement égalés à Brazzaville sont actuellement observées sur les deux rives du fleuve Congo. Des zones jusque- là à l’abri ont été en partie ou totalement submergées. Du coup, le fleuve devient l’agresseur du paisible citoyen.

Les inondations se traduisent principalement par la mise en danger des personnes, l’interruption des communications, les dommages aux biens et activités, l’érosion et les dépôts de matériaux, les déplacements du lit ordinaire. En attendant de connaître leur bilan réel, des images de catastrophes sont diffusées ; celles du Port autonome de Brazzaville et ports secondaires où les infrastructures sont sous l’eau. Et cela pose de sérieux problèmes d’amarrage des unités fluviales…

Dans le 8e arrondissement, Madibou, précisément aux Cataractes, les riverains du fleuve Congo pour la plupart sont sinistrés. Des familles entières ont été contraintes d’abandonner momentanément leur domicile et sont désormais logées chez des amis…Dans certaines zones, des maisons sont submergées jusqu’au niveau des toits, le bloc de Maf-City est dans l’eau.

Réuni le 27 décembre dernier, le Conseil des ministres a décidé de débloquer la somme de 2 419 500 000 FCFA pour assister les sinistrés des inondations survenues l'année dernière.

Environ 237 566 personnes ont été affectées au Congo en cette année dont treize décès dans les départements de la Likouala, de Brazzaville et de Pointe-Noire.

La population riveraine du fleuve Congo a des difficultés à faire face à ces nouvelles conditions. Ces inondations XXL deviennent-elles cycliques ? S’interrogent certaines personnes.

Mai 1961, la ville de Brazzaville voit le fleuve Congo gonfler, l’eau est montée jusqu’à 6,26 m. Conséquences, de nombreux sinistrés sont enregistrés à la mairie où ils y sont logés pour avoir perdu leurs toits. Un phénomène de catastrophe naturelle fut enregistré au niveau de ce qui deviendra la presqu’île. Quand les eaux se retirèrent, la faune et la flore qui faisaient le paysage du site avaient disparu, emportées par les eaux. Les caïmans très visibles dans un étang situé en bordure de la presqu’île et qui constituaient un des éléments du tourisme de vision avaient tous disparu. C’est après cette catastrophe que les propriétaires fonciers du site vont laisser libre cours à l’agriculture sur l’espace déboisé par les érosions. Plus tard s’en suivra le lotissement des parcelles. Aujourd’hui, on dénombre plus de cent ménages sur la presqu’île. Certains ont même construit sur les berges du fleuve Congo.

Janvier 2024, le niveau du fleuve est à 5, 9 m. Ce sont des crues exceptionnelles ou des crues XXL, lesquelles représentent un véritable danger. Cycliques ou pas, l’avenir nous le dira. Cependant, on peut juste s’apercevoir que le majestueux fleuve Congo n’échappe pas au constat du Colloque sur les fleuves qui notait : « Les fleuves ont subi une pression de l’homme toujours plus forte, plus diversifiée et aux conséquences plus dommageables… » (Orléans en 1990).

Mais nous ne devons pas ignorer ce que nous répètent les environnementaux : « La nature ne supporte ni d’être pillée ni d’être ignorée. L’ignorer nous rendrait complices de mesures de dégradation du milieu de vie et de la vie elle-même ».

Gastrone Banimba

Légendes et crédits photo : 

Des dégâts causés par la crue du fleuve

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