Afrique Centrale : se mobiliser pour accéder aux financements du marché carbone

Lundi 29 Janvier 2024 - 13:51

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Les assises sur l’action climatique et la décarbonisation de l’économie se sont tenues du 23 au 25 janvier, à Yaoundé, au Cameroun. Elles avaient comme principal objectif de dégager une démarche stratégique et régionale d’accompagnement des initiatives de marché volontaire du carbone dans l’espace francophone de la région d’Afrique centrale et du Bassin du Congo en particulier.

Sur le thème « Renforcer l’action climatique et développer une alliance pour les marchés carbone et la finance climat en Afrique centrale », l'événement majeur pour l’économie environnementale a rassemblé des acteurs actifs de la finance climatique, du secteur public et privé, venus de la sous-région afin de répondre à l’enjeu spécifique des forêts du Bassin du Congo et des crédits carbone qui pourraient en être tirés.

Intervenant lors de ce forum organisé par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) et l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), la directrice de cet institut, Cécile Martin-Phipps, a dressé l’état des lieux des initiatives de marché du carbone dans l’espace francophone.

Selon elle, en Afrique centrale en particulier, le paysage de la finance climatique reste très contrasté malgré un très fort potentiel de marché carbone. « La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda s’imposent comme les deux pays les plus avancés sur la question. Ils ont mis en place des structures à même de gérer la complexité du développement des marchés carbone (le Fonds national Redd – Fonaredd en RDC, la Rwanda environment management authority – Rema au Rwanda).

 « Le Gabon a, en 2022, reçu la certification et la réduction de plus de 90 millions de tonnes d’émissions de CO2 entre 2000 et 2009. Quant à l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo, Sao Tomé et Principe et le Tchad, ces pays bénéficient d’une forte volonté politique visant au développement de ces marchés », avait-elle indiqué.

L’Institution française relève que l’Afrique centrale a des besoins qui s’élèvent à 21 118 milliards de FCFA (35 milliards de dollars américains) par an, alors que les sommes actuellement dédiées au climat se limitent à environ 1 206 milliards de FCFA (2 milliards de dollars américains). Ainsi, on constate que les pays francophones sont ceux qui accèdent le moins aux mécanismes officiels de la finance climat, notamment les guichets des différents fonds mis en place (Fonds vert climat, fonds d’adaptation et fonds pour l’environnement mondial).

C’est donc ce double risque de pénalisation des pays francophones (faible accès aux mécanismes de la finance climat et développement non optimal de marchés du carbone) qui a emmené la BDEAC et l’IFDD à organiser ces assises. « Pour les problématiques relatives au climat et au développement durable, il faut trouver des financements adaptés. C’est pour ça que nous avons eu l’initiative d’organiser ce séminaire atelier afin d’emmener les Etats et experts à réfléchir sur la façon de pouvoir rassembler ces financements qui seront utilisés dans les projets durables », a expliqué Dieudonné Evou Mekou, président de la BDEAC, avant de relever qu’une enveloppe de 400 milliards de FCFA est prévue pour financer les projets durables ; un financement extrait des 1 700 milliards de FCFA réservés au financement du plan stratégique Azobé de la banque pour la période 2023-2027.

Soulignons que l’Afrique est tout autant touchée par l’éclosion des marchés du carbone que l’Occident. Selon l’IFDD, certaines organisations internationales expertes en développement durable estiment qu’à l’horizon 2050, le continent africain pourrait devenir un des plus gros exportateurs de crédits carbone, avec entre 1,5 et 2,5 gigatonnes d’équivalent CO2 évités, entre 70 000 et 120 000 milliards de FCFA de capitaux mobilisés et entre 110 et 190 millions de nouveaux emplois créés.

Lopelle Mboussa Gassia

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