Villes africaines : l’avenir face à l’explosion démographiqueVendredi 23 Mai 2025 - 22:27 Avec une urbanisation galopante, l’Afrique se prépare à un défi de taille. Un rapport souligne la nécessité urgente d’une planification et d’une gouvernance robustes pour éviter la crise. Face au boom démographique, les villes africaines doivent relever d’immenses défis urbains. D'ici à 2050, le nombre de citadins africains devrait doubler, passant de 700 millions à 1,4 milliard. « En l'absence d'une planification considérable et d'actions, la croissance urbaine finira par des implantations informelles et tentaculaires, des bidonvilles peuplés de jeunes, pauvres, disposant souvent de peu d'opportunités », a déclaré le directeur de Cities Alliance, Greg Munro, en ouvrant la conférence consacrée à la présentation du rapport « Dynamiques de l’urbanisation africaine 2025 ». « Nous devons agir, nous devons planifier dès maintenant », a-t-il lancé. Ce rapport permet de plonger dans les dynamiques urbaines qui vont transformer le continent. Défi urgent et opportunité sans précédent, pour les auteurs, la transition urbaine de l'Afrique nécessite une planification, une gouvernance efficace et des stratégies de financement novatrices. Il est conçu comme un outil de réflexion pour les décideurs politiques et les partenaires au développement, les analystes et les experts afin d'établir des recommandations concrètes pour que les villes de demain soient les plus efficientes possibles, inclusives et durables. Un défi à la mesure de l'Afrique « Il est impératif de commencer la planification dès maintenant », a déclaré le chef de la division villes et urbanisation de l'Organisation de coopération et de développement économiques,Philipp Heinrigs. Cela implique bien sûr que les décideurs politiques ainsi que les acteurs économiques et sociaux s'emparent du sujet. L'impact bénéfique sur l'environnement et le développement économique et social sera d'autant plus important que la planification sera réalisée avant l'expansion urbaine. L'aménagement urbain impacte tous les aspects de la vie quotidienne dans la cité : accès à l'emploi, aux services, à la santé, aux transports. Dès lors se pose la question du manque de ressources humaines dédiées et des fonds alloués aux questions d'urbanisation. À l'horizon 2050, le Nigeria devrait compter deux immenses mégalopoles de plus de 30 millions d'habitants, Lagos et Onitsha. Pour se projeter dans la gestion de ces villes urbaines tentaculaires, il faut changer son regard : « développer de nouvelles idées et des programmes qui soient plus adaptés aux contextes et aux réalités locales, mieux exploiter les données et les nouvelles technologies et inclure systématiquement les considérations environnementales et de durabilité », détaille Philipp Heinrigs. Un des enjeux sera d'intégrer les questions climatiques en déployant des stratégies d'atténuation et d'adaptation. Il s'agit notamment d'empêcher le développement urbain dans des zones à risques, mais aussi de penser des villes adaptées face à la montée des températures. La planification : clé de l'avenir des villes africaines et l'apport du secteur informel « Plus de la moitié de la population du continent est tributaire du secteur informel pour son emploi, son logement et sa consommation de biens et services », commentent les auteurs du rapport. La planification doit l'intégrer afin que le déploiement des services et les investissements urbains aient des bases réelles. « Nous devons arrêter de considérer l'informalité comme un ennemi », ajoute Julian Baskin, urbaniste principal chez Cities Alliance. Il existe des services dans les zones d'habitat informel. Certes, ils sont souvent de mauvaise qualité et à un prix plus élevé, mais il est possible de travailler avec les habitants et les fournisseurs de services afin de les améliorer. Une urbanisation réussie ne peut se faire sans une gouvernance efficace, insiste le rapport. Celle-ci doit être inclusive et ancrée dans une forte implication locale. « La centralisation et le cloisonnement actuels devraient céder la place à une gouvernance urbaine intégrée et inclusive, fondée sur une collaboration active et une coordination entre les différents niveaux de gouvernement, ainsi que sur le transfert des responsabilités et des ressources nécessaires », soulignent les auteurs du rapport. « La décentralisation engagée doit s'appuyer sur un transfert des compétences et des financements vers les collectivités territoriales », martèle François Paul Yatta, directeur de programmes à Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique. « Si vous voulez avoir un impact, tournez-vous vers les collectivités territoriales », a tranché Rohey Malick Lowe, maire de Banjul. Noël Ndong Notification:Non |