Festival du film européen-africain : le Congo à l’honneur avec « Prosper »

Samedi 14 Juin 2025 - 15:37

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Le 13 juin à Canal Olympia, le rideau est tombé sur le festival du film européen-africain, organisé conjointement avec la première édition du Wisu film festival. En clôture, « Prosper », une comédie-fantaisie signée Yohann Gloaguen, a enchanté le public en rendant un hommage haut en couleurs à la sape congolaise.

 

Salle comble, lumières éteintes, silence  : la projection de « Prosper » peut commencer. Pendant 1h30, le public brazzavillois a suivi les mésaventures d’un chauffeur Uber, Prosper, qui, une nuit, prend à bord un passager mourant, King. Pris de panique, il se débarrasse du corps… non sans lui dérober ses bottines en croco. En les chaussant, Prosper devient malgré lui l’hôte de l’esprit de King, un sapeur-gangster respecté et redouté.

Ce tandem improbable,  un homme ordinaire et une figure légendaire,  va alors mener l’enquête pour retrouver l’assassin de King. Le film se déploie dans une esthétique flamboyante, où la sape devient personnage à part entière. Entre dialogues en lingala, ambiance musicale savoureuse et humour décalé, Prosper s’impose comme une comédie policière originale, drôle et fantastique.

Jean-Pascal Zadi incarne un Prosper à la fois hilarant et touchant, naviguant entre loser sympathique et sapeur habité. À ses côtés, un casting riche : Cindy Bruna, Jessy Salomée Ugolin, Steve Tientcheu, Slimane Dazi, Guillaume Duhesme, Salimata Kamate.

La projection a fait vibrer les sapeurs présents qui, peu avant la projection du film, avaient offert au public une belle ambiance à travers un défilé riche en couleurs et en styles vestimentaires. Lounionguissi Miss Madison témoigne : « C’est un plaisir de voir notre art valorisé. La sape, c’est plus qu’une parade, c’est une histoire, notre histoire congolaise ».

Deux festivals en un et plus d’un mois de cinéma itinérant

Organisé par la délégation de l’Union européenne avec la Forge Production, ce double festival a proposé plus d’un mois de projections itinérantes, sillonnant Brazzaville et au-delà. « Le cinéma est né pour être partagé. En allant vers les quartiers, les petites villes, les villages, on donne accès à ceux qui n’osent pas pousser la porte d’une salle obscure. Le cinéma devient alors une place publique où l’imaginaire circule librement », explique Armelle Luyzo Mboumba, réalisatrice et responsable de la Forge Production.

Le double festival s’était ouvert à l’Institut français du Congo avec « L’histoire de Souleymane » de Boris Lojkine. Suivirent « Nouvelle vie » de Richi Mbebele, « Nous, Étudiants ! » de Rafiki Fariala, «  La chapelle » de Jean-Michel Tchissoukou, « Gloria » de Margherita Vicario, puis des escales à Kinkala, Yié ou Nkayi avec des œuvres comme « Ordalies », « Les 4 âmes coyotte », « Villes résilientes » ou « Pour quelques barres de chocolat ». Le périple s’est conclu avec « Mambar Pierrette » le 11 juin et « Prosper » le  13 juin.

À chaque projection, la même magie opère : la surprise d’un écran géant dressé dans un quartier, les rires, les discussions spontanées. Pour plusieurs, c’était une première.

Les défis d’un cinéma nomade

Cette aventure a exigé une logistique impressionnante :  transporter les écrans, projecteurs, groupe électrogène et sonorisation dans des zones isolées ; négocier les droits de diffusion ; prévoir un plan B en cas de pluie.

Mais le jeu en valait la chandelle, comme le souligne le réalisateur congolais Albe Diaho : « Voir mon film respirer en plein air, devant des gens qui n’iraient jamais dans un multiplexe, c’est brutal et beau ». Richi Mbebele ajoute : « Chaque étape m’offre un nouveau regard sur mon travail. C’est mon vrai salaire ».

Un clap de fin émouvant !

À l’heure de refermer cette édition, l’ambassadrice de l’Union européenne au Congo, Anne Marchal, s’est dite émue tout en reconnaissant que ce fut une belle aventure culturelle, humaine et diplomatique. « J’essaie de ne pas être triste entre cette présentation et la projection du film. Merci au public d'avoir répondu présent à notre invitation. Merci à tous ceux qui ont travaillé à la mise en place de ces actions durant ce mois de célébration du mois de l’Europe », a-t-elle déclaré. En baissant le rideau, elle a également encouragé les cinéastes congolais à poursuivre sur cette lancée de promotion du 7e art.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- Quelques séquences du film « Prosper » lors de sa projection le 13 juin à Canal Olympia/Adiac ; 2- Quelques jeunes assistant à la projection d’un film à Yié/DR 3- Une vue des officiels à la clôture de la célébration du mois de l’Europe/(Mirna K.)

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