Littérature : huit écrivains-officiers de la police et de la gendarmerie distingués

Mardi 16 Septembre 2025 - 19:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

À l’occasion d’un séminaire-atelier organisé par la direction générale de la stratégie, de la coopération et de la communication du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, huit écrivains policiers et gendarmes ont été sacrés lauréats du livre pour leur contribution remarquable à la littérature nationale.

L’événement tenu le 16 septembre au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza a été placé sur le thème évocateur « Chevaliers de la plume sous l’uniforme bleu ». L’objectif étant de mettre en lumière une production littéraire souvent méconnue. Car écrire pour ces professionnels de la police et de la gendarmerie, en marge de leurs lourdes charges professionnelles, reste un pari audacieux, mais porteur de sens pour toute la société.

Les auteurs honorés illustrent la diversité d’une littérature façonnée par le terrain. Albert Ngoto, officier général émérite, a consacré sa carrière à la sécurité civile et à la formation, tout en explorant l’histoire. Michel Innocent Peya, commissaire colonel-major et docteur en sciences de gestion, s’est imposé comme essayiste et défenseur des idéaux environnementaux. Charles Nkouanga, colonel-major, cultive poésie et romans centrés sur l’amour et la condition humaine. Roch Cyriaque Ngalebayi, historien militaire, interroge mémoire, tragédie et identité africaine.

Maurice Itous-Ibara, colonel et chercheur, propose une approche scientifique novatrice, la « Physique à Magnons », face au réchauffement climatique. Charles Peter Moukala Kinzounza, capitaine de gendarmerie, musicien et romancier, décrit les défis de la jeunesse. Athanase Moussoungou, colonel retraité, conjugue ésotérisme et poésie. Ruphin Sognélé, capitaine retraité de la gendarmerie, développe une écriture militante que le jury qualifie « d’invitation à penser autrement le rapport entre la loi et la morale ».

En distinguant ces plumes, la République du Congo reconnaît que la littérature née sous l’uniforme reste un ferment de mémoire et de citoyenneté. Le jury, présidé par le Pr Robert Ludovic Miyouna, a plaidé pour une diffusion accrue. « Par la perspicacité de vos écrits, vous montrez au peuple du Congo qu’au-delà de votre agressivité apparente, vous êtes des hommes de cœur et de réflexion, qui savez aussi offrir des poèmes et des fleurs. L’enjeu aujourd’hui, c’est d’investir les lieux de la consommation intellectuelle pour vulgariser votre production écrite. Toutes mes félicitations ! », a-t-il déclaré.

Un panel sur la communication et ses enjeux

En prélude à la cérémonie, un panel a réuni journalistes et experts autour du thème « La communication institutionnelle : entre codes et libertés ». Sous la modération du Pr Bienvenu Boudimbou, les échanges ont souligné la nécessité d’une communication maîtrisée dans un contexte de mutations numériques. Pour Joachim Mbanza, journaliste-consultant, les avancées sont notables. « En principe, un journaliste ne peut plus être jeté en prison pour un délit de presse. Désormais, c’est devant le Conseil supérieur de la liberté de communication que doivent être portées les plaintes des journalistes », a-t-il rappelé, précisant que ce principe vaut même si la plainte est déposée à la gendarmerie.

Carine Ibombo, journaliste-communicante, a insisté : « Ce n’est pas parce que nous avons le pouvoir de communiquer que nous devons tout dire ou tout montrer. La liberté a ses barrières ». Un rappel de l’équilibre entre transparence, secret d’État et confiance citoyenne. Alain Ndalla, expert numérique, a appelé à une appropriation endogène de la transition digitale et de l’intelligence artificielle pour préserver la souveraineté numérique. Stanislas Itoua Ikama, directeur de la communication au ministère de l’Intérieur, a mis en avant l’arbitrage nécessaire entre transparence et sécurité, avec l’appui des outils numériques.

Présente à la rencontre, Jocelyne Milandou, présidente de l’Association des femmes juristes du Congo, a salué « cette rencontre qui permet de mieux cerner l’équilibre délicat entre communication et sécurité », félicitant « les panelistes qui nous ont offert des réflexions de qualité ». Elle a invité, en outre, le Conseil supérieur de la liberté de communication à renforcer la sensibilisation au cadre juridique existant.

Marquée par un intermède poétique de Stan Matingou et la fanfare des forces de l’ordre, la cérémonie a montré qu’une transparence bien dosée peut renforcer la confiance entre forces de sécurité et citoyens. Ouvrant les travaux de ce séminaire, Séraphin Ondelé, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, a lancé un appel : « Je forme le vœu que ces moments d’échange soient véritablement féconds et fassent jaillir des idées nouvelles et pertinentes qui contribueront à bâtir une république où le code et la liberté se conjurent, où la littérature et l’uniforme se côtoient pour éclairer le peuple ».

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- La directrice du mémorial PSB, Bélinda Ayessa, remettant le prix à l’officier général émérite de la police nationale, Albert Ngoto/Adiac 2- Une vue des panélistes lors des échanges/Adiac 3- L’assistance au cours de la cérémonie/Adiac

Notification: 

Non