Drame du 4 mars : les populations attendent la réhabilitation des quartiers

Mardi 3 Mars 2015 - 19:00

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Sur le tableau noir, après les détonations du 4 mars 2012, figurent l’avenue de l’Intendance et ses environs, à Talangaï. Sur le terrain, les travaux de réhabilitation et de construction s'exécutent malgré l'impatience des populations qui parlent de "lenteur" ou des "ouvrages en demi-teinte."

Les logements de plusieurs niveaux dont les bâtiments sont visibles donnent un nouveau visage à la zone où les chantiers se poursuivent. D’ici là, en attendant sans doute la fin des travaux du mémorial de l’histoire du Congo, du complexe scolaire qui devrait abriter 8000 élèves et certainement l’inauguration du nouveau siège de la mairie de Talangaï, désormais tranféré sur ce site, les déplacés de Kintélé ou bien d’autres victimes pourraient paisiblement rejoindre le site.

Les voiries sont en réhabilitation. Pourtant, l’on découvre encore sur l’avenue principale, à côté des chantiers gigantesques, quelques ruines qui renseignent sur l'ampleur du désastre de ce dimanche 4 mars 2012. Ce qui est sûr c’est qu’à l’intérieur des quartiers, bien que certaines maisons soient réhabilitées, par des propriétaires qui espèrent et attendent le remboursement  par l’État lui-même grâce à ses actions, le parfum horrible de la catastrophe s’impose encore. Maisons detollées, murs exécrables, ruelles bouchées, etc.

Dans la zone 1 du quartier 61, à Mpila, le décor est quelque peu singulier. Des maisons de particuliers sont effectivement en construction. Dans la rue Yoro par exemple, des parcelles font peau neuve avec des murs peints. On peut aussi observer des travaux suffisamment avancés dans la rue Étoumba et Chacona. Ces maisons de quatre pièces, pour la plupart, font partie de la première phase d’un projet estimé à 40 milliards de FCFA pour reconstruire les maisons des particuliers.

« Trop long ce processus de réhabilitation de nos maisons, et ce n’est que dans la zone 1 du quartier 61 que nous constatons des travaux. Chez nous rien encore n’est fait », avance un habitant du quartier 2 de Mpila, du côté gauche d’une route en pleine construction ou passaient d’ailleurs des rails. Dans cette zone, les ravages sont  visibles. Des parcelles arborent encore des tentes en plein air, dotées en urgence, il y a trois ans, par les services de l’Action humanitaire et de la solidarité. Selon le chef de quartier, Ngambé Ignongui, les conditions de vie dans les zones 2, 3 et 4 du quartier 61 sont pitoyables. « Nous attendons les promesses de reconstruction qui tardent à se concrétiser alors que nos conditions de vie ne sont pas fiables », souligne-t-il.

Un drapeau tricolore flotte sur le toît de sa modeste maison réhabilitée en partie grâce aux petites économies. Comme lui, les habitants de la zone espèrent qu’avec les travaux de construction de la route de l’ancien tracée du rail, l’État, qui affirme avoir achevé les évaluations des phases 2 et 3 du programme, amorcera les travaux de redressement du quartier. 

Ngambé Ignongui: « Nous attendons la reconstruction des zones 2, 3 et 4 »

Le chef du quartier 61 Talangaï a donné ses impressions trois ans après les explosions du 4 mars ayant fortement endommagé le quartier qu’il gère au nom de la municipalité.

Les Dépêches de Brazzaville : Votre quartier a été détruit par les explosions du 4 mars 2012. Aujourd’hui qu’est ce qui a été fait pour la reconstruction de ce quartier ?

Ngambé Ignongui :  Après trois ans de la détonation des munitions du régiment blindé de Mpila, le quartier a été divisé en quatre zones. La zone numéro 1quasiment  réhabilitée à 95%. Ce sont les efforts que l’Etat a déjà fournis par rapport à la reconstruction. Les autres zones sont à refaire selon la promesse que nous avons obtenue de l’Etat congolais

LDB : Quel est votre apport dans le processus de reconstruction de votre quartier ? Etes-vous consulté dans la réalisation de ces projets ?

N I : Logiquement, je ne peux être informé que par le maire de l’arrondissement. Mais il y a des moments où les Grands travaux amorcent des chantiers dans le quartier sans nous en informer. Subitement nous voyons une société à pied d'oeuvre.  Il y a eu par exemple des expropriations et moi y compris ma hiérarchie n’étaient pas informé. Nous n’avons pas participé à l’identification des parcelles pourtant dans le rôle que nous jouons nous avons l’habitude de faire ce recensement parcellaire.

 

LDB : Une telle façon de faire n'engendre t-elle pas des contentieux  parcellaires dans le quartier?

 

N.I : Pour le moment nous n’avons pas encore une orientation à propos.  Ce que nous savons c’est qu’il y a eu au moins vingt parcelles qui ont été expropriées dans le quartier. Mais cela  ne s'est pas passé sans fracas.  Au mois de juin ou juillet, les services des Grands Travaux, ceux du cadastre y compris les représentants du quartier avaient fait un travail d’enquête parcellaire malheureusement pendant l’expropriation, nous étions exclus. Nous n’avons pas été associés, pourtant nous avons l’habitude de faire ce travail de recensement parcellaire.

LDB : Comment vivent les sinistrés dans le quartier, notamment ceux qui ont perdu leurs habitations. Ont-ils le soutien de l’Etat ?

N.I : Oui, parce qu’après les événements certaines familles étaient relogées et d’autres par contre, l’Etat avait trouvé des solutions alternatives. Certaines personnes ont aménagé leurs maisons respectives et sont restées dans le quartier, tel est mon cas.  Je n’ai pas construit, j’ai juste aménagé.

Votre message particulier à l'occasion de la commémoration de ce triste anniversaire?

N.I :  Que l’Etat continue à fournir des efforts pour la réconstruction de notre quartier. Pour le moment, nous attendons la reconstruction des zones 2,3 et 4 car ce dossier a trop traîné et nos conditions de vie ici ne sont pas bonnes.

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Logement sociaux de l'Intendance/photo Adiac une vue des maisons des particuliers achévées/photo Adiac A Mpila, une parcelle montre encore une tente/photo Adiac le chef de quartier 61 de Talangaï/photo Adiac