Littérature : Tchicaya U Tam’si, écorché vif au verbe puissant

Samedi 17 Mars 2018 - 11:50

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 Trente ans après sa disparition (1988-2018), Tchicaya U Tam’si est plus que jamais vivant. Le troisième tome de ses œuvres complètes, Ces fruits si doux de l'arbre à pain - La main sèche - Légendes africaines, vient d’être édité par Gallimard, dans la collection Continents Noirs.

Salué par Léopold Sédar Senghor sans jamais s’associer aux poètes de la négritude, le « Rimbaud noir », comme aime à le qualifier l'éditeur Jean-Noël Schifano, a profondément marqué de son empreinte la littérature francophone africaine.

Né à Mpili, dans la région du Kouilou (Congo-Brazzaville), fils de député du Moyen-Congo au parlement français pendant la IVe République, Gérald-Félix Tchicaya a produit des émissions pour l’ORTF en 1957, avant de devenir un proche collaborateur d'Emery Patrice Lumumba à Léopoldville (Kinshasa) au moment de l’indépendance de l’ancien Congo belge. Il occupera par la suite plusieurs postes au siège parisien de l’Unesco.

Il entre en littérature à 24 ans, en 1955, avec Le Mauvais Sang paru aux Éditions Caractères à Paris, sous le pseudonyme de Tchicaya U Tam’si, qui signifie en langue bantou « la petite feuille qui chante son pays ». Marqué par une infirmité physique, l'arrachement d'avec son village et sa mère, ses relations conflictuelles avec son père, le poète s’est nourri de ces blessures pour développer une œuvre immense.

Plusieurs recueils poétiques suivront Le Mauvais Sang – Epitomé, Le Ventre – puis l’auteur s’ouvrira à d’autres genres littéraires : le roman, la nouvelle (La Main sèche), mais aussi le théâtre (Le Bal de Ndinga). Son écriture puissante est fortement marquée par la décolonisation, la lutte contre le racisme et les discriminations.

« En 1955, Le Mauvais Sang de Tchicaya m'avait frappé, m'était entré dans la chair jusqu'au cœur. Il avait le caractère insolite du message. Et plus encore Feu de brousse, avec ses retournements soudains, ses cris de passion. J'avais découvert un poète bantou. » Léopold Sédar Senghor (préface de la première édition d’Epitomé en 1962).

Rose Marie Bouboutou

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