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L’Afrique au cœur du nouvel ordre mondial

Samedi 19 Décembre 2015 - 12:30

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Lentement mais sûrement les yeux et les oreilles des grandes puissances s’ouvrent sur l’Afrique et, du coup,  les préjugés, les a priori, les visions fausses héritées de l’ère coloniale font place à une vision objective du continent qui jouera demain un rôle essentiel au sein de la gouvernance mondiale. Certes, il reste encore bien du chemin à parcourir pour que les huit ou dix nations qui tiennent le haut du pavé depuis la fin de la seconde guerre mondiale et qui dominent toujours peu ou prou l’Organisation des Nations unies prennent la juste mesure de ce phénomène historique, mais le mouvement ainsi engagé ne cessera de s’accélérer.

À terme plus ou moins rapproché il génèrera un nouvel ordre mondial très différent de celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. Trois mouvements vont, en effet, se conjuguer à bref délai pour accélérer considérablement le mouvement qui se dessine :

° Le premier est la croissance des populations africaines qui fera à brève échéance du continent la zone la plus peuplée de la planète. Déjà porteuse en soi d’un dynamisme sans précédent, cette croissance aura des effets d’autant plus puissants qu’elle s’accompagnera d’une élévation rapide du niveau de vie de la majorité des peuples africains et de l’affirmation simultanée d’une classe moyenne aussi diverse qu’ambitieuse. Dans moins de vingt ans l’Afrique, qui est aujourd’hui perçue de l’extérieur comme un continent en retard sur l’évolution du reste du monde, apparaîtra comme l’un des moteurs les plus puissants de la planète. Il suffit pour s’en convaincre de considérer comment évoluent aujourd’hui les populations de l’Afrique centrale et plus généralement du Bassin du Congo.

° Le deuxième mouvement, qui n’est pas encore très perceptible mais qui va certainement apparaitre rapidement au grand jour, est l’appropriation ou la réappropriation par les Africains des ressources naturelles dont regorge le continent. À un système économique qui reposait pour une très large part sur l’exploitation de ces ressources par des puissances extérieures se substituera dans les deux décennies à venir un système reposant essentiellement sur la mise en valeur des terres, du sous-sol, des gisements sous-marins de matières premières par des entreprises africaines. Et la richesse ainsi obtenue qui, jusqu’à présent servait à accroître la prospérité des anciennes puissances coloniales, profitera enfin directement aux nations du Sud.

° Le troisième mouvement naîtra de la combinaison des deux précédents : il se traduira par un afflux vers l’Afrique des capitaux, mais aussi des compétences qui ont permis depuis un siècle aux pays du Nord de s’enrichir et d’accéder au niveau de développement qui est le leur aujourd’hui. Ce qui se passe depuis une décennie avec la Chine, qui a compris avant les autres grandes puissances qu’une révolution pacifique se préparait en Afrique, s’imposera très vite comme une évidence aux Etats-Unis, à l’Europe, à la Russie, à l’Inde, au Japon. Et l’on assistera à une course effrénée vers l’immense marché émergent que constitue d’ores et déjà le continent dont celui-ci tirera le plus grand profit si, du moins, il parvient à s’organiser rapidement  pour discipliner ce vaste mouvement.

Il est clair, pour qui veut bien regarder la vérité en face, que l’Afrique se trouvera demain au cœur du nouvel ordre mondial. Mais il est tout aussi clair que ses différentes composantes géographiques et humaines n’en tireront un réel profit que si elles savent s’organiser très vite dans des ensembles géopolitiques puissants et cohérents. Plus que jamais, par conséquent, l’intégration régionale devrait, doit figurer au cœur des préoccupations de ses dirigeants.

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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