68e Assemblée générale de l'ONU : François Hollande, avocat de la RCA et de l'Afrique face au terrorisme et à l'insécurité

Mercredi 25 Septembre 2013 - 13:11

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Dans son discours très écouté devant la 68e Assemblée générale des Nations unies, le 24 septembre, le président français a plaidé le dossier centrafricain, oublié dans l'agenda onusien. François Hollande a sonné la mobilisation en faveur de ce pays d'Afrique centrale en proie à l'insécurité, à l'instabilité et au terrorisme qui menace le continent africain

Pour François Hollande, « la Centrafrique doit nous alarmer » en raison du chaos qui s'y est installé et dont les premières victimes sont les populations civiles. « Nous devons mettre un terme à ces exactions qui prennent d’ailleurs aussi une forme confessionnelle », a-t-il déclaré.

Auparavant, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, avait rappelé la gravité de la situation en Centrafrique, soulignant que, par contagion, elle entraînerait une situation difficile dans l'ensemble de la région. Selon lui, il faudrait renforcer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), une force panafricaine sous l'égide de l'Union africaine (UA), en appui au gouvernement de transition qui manque de moyens : celle-ci ne compte que 1 400 soldats sur un effectif prévu de 3 600 hommes.

Le président français a demandé au Conseil de sécurité un mandat et un soutien logistique et financier à cette mission pour, au préalable, « rétablir l'ordre ». La France va proposer au conseil un projet de résolution dont le premier objectif est la montée en puissance de la Misca, puis sa transformation en force de maintien de la paix. François Hollande a rappelé qu'il ne s'agirait pas du scénario malien, donc d'une intervention française, car « ce ne sont pas des groupes terroristes comme au Mali, mais des bandes qui sèment le désordre et la désolation ». Quatre cent cinquante soldats français sécurisent l'aéroport à Bangui. L’effectif pourrait être porté à 750 hommes. Paris serait prêt à contribuer à la formation et à l'encadrement de l'action de la Misca.

Dans son discours d'ouverture, le secrétaire général de Nations unies, Ban Ki-moon, a déploré que des millions de personnes soient sans assistance et risquent d'être victimes d'exactions. Il a déploré que l'idée d'un fonds en faveur de la Centrafrique n'ait suscité que des « contributions désespérément insuffisantes », soit 37% des 195 millions de dollars requis.

L'Afrique, un terrain fertile au terrorisme

François Hollande est revenu sur l'attaque terroriste des Shebab à Nairobi (Kenya), qui a fait 67 morts. Il reste convaincu que « des victoires sont possibles », comme ce fut le cas au Mali, où grâce au mandat du Conseil de sécurité, les forces africaines et françaises, avec l'appui européen, ont mis fin « à une offensive terroriste de grande envergure ».

Toutefois, François Hollande a reconnu que la menace continuait à peser dans le Sahel, et en Libye, repli des terroristes. « Partout où le désordre règne, le terrorisme s’installe et prend de l’ampleur », a souligné le président français, s'appuyant sur le cas de la Somalie. L'attaque des Shebabs à Nairobi rappelle, a-t-il ajouté, que ces groupes, « même s’ils ont été vaincus, n’ont pas encore été éradiqués ». Il a lancé un appel à la communauté internationale pour aider les États africains à se protéger.

Il a également évoqué la situation en République démocratique du Congo, où les femmes sont violées, les enfants violentés. Il a plaidé pour le renforcement de la Monusco, l'application de l'accord d'Addis-Abeba, et le refus de toute ingérence étrangère.

La France organisera, en décembre, une réunion pour la paix et la sécurité en Afrique, rassemblant des pays africains, l'Union européenne et l'ONU. L'objectif est de permettre l'encadrement, la formation et l'équipement des armées africaines pour que le continent puisse assurer lui-même sa sécurité ; la lutte contre les trafics, notamment de drogue, et contre la piraterie. « Nous ne pouvons pas laisser [les pays africains] seuls face aux risques terroristes », a conclu François Hollande.

Noël Ndong