7e art : Richi Mbebele « Je demande aux autorités d’avoir un regard particulier sur le secteur du cinéma congolais »

Jeudi 15 Octobre 2020 - 17:32

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En séjour à Brazzaville pour accompagner un projet cinématographique, le réalisateur, acteur et producteur congolais basé à Pointe-Noire, Richi Mbebele, a accordé un entretien aux Dépêches de Brazzaville au cours duquel il exprime sa satisfaction en lien avec la nomination de son film « Grave erreur 2 » au festival Ecrans Noirs.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Dites-nous, en bref, la raison de votre séjour à Brazzaville.  

Richi Mbebele (R.M.) : A l’issue d’un concours de pitch organisé lors des Kamba’s Awards 2020, j’avais fait la rencontre d’un jeune réalisateur congolais en herbe qui me paraissait être pétris de talent. A cet effet, je lui avais promis de lui apporter mon expertise lorsqu’il sera à pied d’œuvre de son projet, et c’est cette collaboration qui explique ma présence à Brazzaville pour quelques semaines.

L.D.B. : Votre film « Grave erreur 2 » fait partie des long-métrages nominés au festival Ecrans Noirs. Pouvez-vous nous partager votre ressenti ?

R.M. : Certes, je ne suis pas à ma première nomination à l’international, mais ça reste un mélange de sentiments positifs. On est heureux et fière en même temps car depuis quelques années, on travaille avec des amis de la corporation pour redonner au cinéma congolais une bonne image. D’autant plus que nous le faisons avec des moyens de bord, se voir nominé à l’un des plus grands festivals de cinéma du continent est une véritable sensation de joie, de fierté, de bonheur.

L.D.B. : Comment se prépare le départ pour Yaoundé dans le cadre de la 24e édition des Ecrans noirs ?

R.M. : Je suis prêt car je souhaite effectivement prendre part à ce rendez-vous. Mais, si je n’ai pas mon billet dans les délais et qu’aucun autre membre ayant travaillé pour ce film ne peut m’accompagner, je serai déçu. A ce propos, je demande un regard particulier des autorités car c’est une première que cinq films congolais soient nominés lors d’un festival. C’est une magnifique occasion pour redorer l’image du cinéma congolais et faire de belles rencontres.

L.D.B. : Malgré l’essor de l’industrie cinématographique au Congo, il se pose toujours le problème de consommation des films congolais par les Congolais. Qu’en pensez-vous ?

R.M. : Nous avons encore un long chemin à faire avant que le secteur ne s’émancipe réellement. Il faut des mécanismes juridiques pour valoriser l’existence et la pratique du cinéma au Congo. Pour que nos œuvres arrivent dans les ménages, il y a toute une succession d’étapes à franchir qui sont portées par un cadre juridique et commercial bien établi. Par ailleurs, pour des cinéastes évoluant en indépendant comme nous, ce n’est pas évident d’atteindre un large public avec un budget limité car la rentabilité dépend de l’investissement fait en amont. Ainsi, bien que nous nourrissions de grandes ambitions, il est difficile de les atteindre quand tous les moyens ne sont pas réunis.

L.D.B. : On a l’impression que les sponsors et mécènes hésitent encore à soutenir le secteur…  

R.M. : Le rôle des mécènes et sponsors est de mettre en place des conditions, pour soit favoriser la naissance d’un mouvement ou d’une tendance, soit la pérenniser à partir du moment où elle existe déjà. Nous œuvrons pour le cinéma congolais, donc pour la fierté du pays.  Dommage que nombreux ne reconnaissent pas tous ces efforts et semblent réticents à l’idée d’investir dans nos projets.

L.D.B. : Pour conclure, quel est le secret de la performance de Richi ?

R.M. : J’ai coupé les pans pour aller au village du cinéma et je suis condamné à y rester. Mon secret, c’est la passion pour le métier. Le plus important c’est ce que les gens retiennent en regardant mes films. Les nominations et les trophées ne sont que des bonus.

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

Le réalisateur congolais, Richi Mbebele/DR

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