Afrique centrale : crainte de radicalisation de la population

Mercredi 29 Décembre 2021 - 11:34

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La région de l'Extrême-Nord au Cameroun est confrontée à des attaques régulières du groupe extrémiste Boko Haram. Le soutien international aux efforts nationaux et régionaux est à accroître.

Le représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), Loucény Fall, a déclaré  que Boko Haram et l'État islamique en Afrique de l'ouest semblaient avoir été affaibli par les opérations militaires ainsi que leurs luttes intestines, pour autant, le moment était venu d'accroître le soutien international aux efforts nationaux et régionaux visant à les vaincre. La Force d'intervention conjointe multinationale et les armées nationales concernées ont un besoin urgent « technique et matériel, notamment pour le déminage et l'élimination des engins explosifs improvisés », devenus l'une des principales causes de décès dans leurs rangs, a rappelé François Louncény Fall. Un soutien international est également nécessaire pour le désarmement, démobilisation et réinsertion, « car l'affaiblissement de Boko Haram et la mort de son chef Abubakar Shekau ont entraîné la défection de milliers d'anciens associés », a-t-il insisté. Il a informé le Conseil de sécurité des Nations unies que l’État islamique en Afrique de l'ouest (ISWAP) semblait avoir « pris le dessus sur Boko Haram », « tout en essayant de gagner les cœurs et les esprits des communautés locales en prêchant et en fournissant certains services sociaux de base pour combler le vide créé par l'absence des autorités étatiques".

Ajoutant l'urgence d'intensifier le soutien international à la mise en oeuvre de la stratégie régionale pour la stabilisation , le redressement et la résilience des zones affectées par Boko Haram dans la région du bassin du Lac Tchad "qui s'attaque aux causes profondes de la crise et répond aux besoins des communautés touchées, notamment les femmes et les jeunes, afin d'empêcher leur radicalisation et leur enrôlement dans les groupes terroristes". Il a souligné l’importance d’une Communauté économique des États de l'Afrique centrale  « forte » pour aider ses États membres à relever les défis auxquels la région est confrontée, y compris le terrorisme et l'extrémisme violent, l'insécurité maritime dans le golfe de Guinée ; la faible participation des femmes aux processus de paix et politiques, ainsi que l'impact du changement climatique sur la paix et la sécurité, affirmant que l’Unoca et le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel continueraient de donner la priorité à la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, où la criminalité maritime organisée demeure une menace pour la sécurité de l’État et des personnes, malgré une diminution globale des actes de piraterie. 

Alors que l’impact des changements climatiques exacerbe les tensions entre les communautés en Afrique centrale, en raison de la raréfaction des ressources naturelles, il s’est dit encouragé par l’engagement de la sous-région à relever les défis de la sécurité climatique, comme réitéré lors de la dernière session de la réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, tenue à Libreville (Gabon) en novembre.

Le représentant spécial a aussi rappelé le rôle essentiel des processus électoraux dans la consolidation des transitions démocratiques et pour la gouvernance. Il s’est félicité de l’élection présidentielle « pacifique et ordonnée » à São Tomé et Príncipe. « Alors que la sous-région se prépare à des élections cruciales en 2022 et 2023, notamment en Angola, au Congo, au Gabon, en Guinée équatoriale, en République démocratique du Congo, à São Tomé-et-Príncipe et au Tchad, l'engagement renouvelé en faveur de processus électoraux pacifiques et démocratiques reste primordial pour la stabilité régionale », a dit le haut responsable régional. Et selon Loucény Fall, le Tchad a fait « des progrès significatifs pour atteindre les étapes clés de la transition ».  Pour lui, « le dialogue national inclusif envisagé constitue une occasion historique ». 

Concernant la violence au Cameroun, elle se poursuit dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest.  Il a salué les nouvelles initiatives locales visant à promouvoir une approche « allant de la base vers le sommet » pour créer un environnement propice à la résolution de la crise par le dialogue. Il a appelé toutes les parties, principaux acteurs du pays et diaspora à aller plus loin pour une résolution pacifique et durable de la crise et affirme qu’ « un soutien international cohérent et coordonné continuera d’être crucial à cet égard ». 

 

Noël Ndong

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