Afrique : l'exportation de véhicules d'occasion et ses conséquences sur l'environnement

Mercredi 9 Décembre 2020 - 14:15

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L'exportation de véhicules d'occasion vers les pays en développement en général, et l'Afrique en particulier, a de graves conséquences sur l'environnement, d'après un rapport du Programme des Nations unies sur l'environnement (PNUE).

Ce rapport, le premier du genre, intitulé « Les véhicules d'occasion et l'environnement - un aperçu global des véhicules utilitaires légers d'occasion : débit, échelle et réglementation », exhorte à la prise de mesures visant à combler le vide politique actuel et demande l'adoption de normes de qualité minimales harmonisées qui garantiront que  ces véhicules contribuent à la pollution atmosphérique et invitent à des parcs  plus propres et plus sûrs dans les pays importateurs.

Inger Andersen favorable à l'assainissement du parc automobile mondial

Des millions de voitures d'occasion de piètre qualité sont exportées depuis l’Europe, les États-Unis et le Japon vers les pays en développement. Ce qui contribue à la pollution atmosphérique et entrave les efforts visant à atténuer les effets du changement climatique, indique le rapport du Pnue.

Sa directrice exécutive, Inger Andersen, considère l'assainissement du parc automobile mondial comme « une priorité pour atteindre les objectifs mondiaux et locaux en matière de qualité de l'air et de climat ».

Les véhicules de seconde main, exportés par les pays développés vers ceux en développement n'obéissent à aucune réglementation. « Cette exportation est devenue celle de véhicules polluants », d'après Inger Andersen. Sur les 14 millions de véhicules légers exportés dans le monde entre 2015 et 2018, 80 % ont été effectués vers des pays à faible et moyen revenu, dont plus de la moitié vers l'Afrique. Le parc automobile mondial  est l'un des principaux responsables de la pollution atmosphérique et du changement climatique.

L'absence de normes  et de réglementations, ainsi que le dumping de véhicules anciens

« L'absence de normes et de réglementations efficaces facilite le dumping de véhicules anciens, polluants et dangereux », estime Inger Andersen. Elle invite les pays développés à cesser d'exporter des voitures qui ne répondent pas aux critères d'inspections environnementales et de sécurité et n'étant plus en bon état de marche dans leur pays d’origine, tandis que les territtoires importateurs devraient introduire des normes de qualité plus strictes.

Selon le document, lorsque ces pays mettent en œuvre des mesures pour régir l'importation de véhicules de seconde main, notamment des normes d'ancienneté et d'émissions, celles-ci leur permettent d'accéder à des véhicules d'occasion de bonne qualité, y compris des voitures hybrides et électriques, à des prix abordables.

C'est le cas du Maroc qui autorise uniquement l'importation de véhicules de moins de cinq ans et ceux qui répondent à la norme européenne d'émission Euro4. Les pays africains ont importé le plus grand nombre de véhicules d'occasion (40 %), au cours de la période étudiée, suivis par les pays d'Europe de l'Est (24 %), d'Asie-Pacifique (15 %), du Moyen-Orient (12 %) et d'Amérique latine (9 %).

Pour une approche européenne coordonnée et une coopération Afrique-Europe

Par l’intermédiaire de ses ports, les Pays-Bas sont l'un des exportateurs de véhicules d'occasion en provenance d'Europe. La plupart de ceux-ci ne possédent pas de certificat de contrôle technique valide au moment de l'exportation, ils ont entre 16-20 ans, et sont en dessous des normes d'émission Euro4 de l'UE. Mais Les Pays-Bas ne peuvent pas s'attaquer seuls à ce problème. Ce rapport appelle à une approche européenne coordonnée et une coopération étroite entre l'Europe et l'Afrique, afin de garantir que l’UE n'exporte que des véhicules adaptés à leur destination et conformes aux normes fixées par les pays importateurs, a souligné Inger Andersen.

Les véhicules d'occasion de mauvaise qualité entraînent aussi une augmentation du nombre d'accidents de la route. Le PNUE, avec le soutien du Fonds d'affectation spéciale des Nations unies pour la sécurité et d'autres organismes, sont favorables à l'introduction de normes minimales pour les véhicules d'occasion. L'initiative se concentrera dans un premier temps sur l'Afrique. Certains ont déjà mis en place des normes de qualité minimales (Maroc, Algérie, Côte d'Ivoire, Ghana et Île Maurice), et d'autres se sont montrés intéressés à rejoindre l'initiative. La CEDEAO a fixé des normes pour des carburants et véhicules plus propres à compter de janvier 2021. Les pays membres encouragent également l'introduction de limites d'ancienneté pour les véhicules d'occasion.

Pour conclure, le rapport souligne la nécessité des recherches supplémentaires visant à détailler davantage les impacts du commerce des véhicules d'occasion, y compris celui des véhicules lourds d'occasion.

Noël Ndong

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