Afrique: l’OMS met en lumière les dangers associés à la consommation du tabac

Mercredi 31 Mai 2023 - 18:25

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A l’occasion de la Journée mondiale sans tabac célébrée le 31 mai, la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Matshidiso Moeti, a déploré que le nombre de consommateurs de tabac diminue dans le monde alors qu’il augmente en Afrique.

« L’épidémie de tabagisme est l’un des plus grands défis de santé publique de tous les temps, entraînant chaque année plus de huit millions de décès dans le monde. Si le nombre de consommateurs des produits du tabac diminue dans d’autres régions du monde, il ne cesse d’augmenter dans la Région africaine », a déploré l’OMS.

Dans son message, Matshidiso Moeti a indiqué que le nombre de consommateurs de tabac dans la Région africaine de l’OMS est passé d’environ 64 millions d’utilisateurs adultes en 2000 à 73 millions en 2018. Cette augmentation, a-t-elle précisé, « est due en partie à une production accrue de produits du tabac et à une commercialisation agressive de la part de l’industrie du tabac ».

L’OMS estime que la culture et la production de tabac aggravent l’insécurité alimentaire et nutritionnelle : « La culture du tabac détruit les écosystèmes, appauvrit les sols, souille les eaux et pollue l’environnement. Les profits tirés du commerce du tabac comme culture de rapport ne sauraient compenser les dommages causés à la production alimentaire durable dans les pays à revenu faible ou intermédiaire »

Selon l’OMS, l’intensification de la culture du tabac en Afrique est une grave menace pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les données disponibles révèlent que si la superficie consacrée à la culture du tabac a diminué de 15,7 % au niveau mondial, elle a, en revanche, augmenté de 3,4 % en Afrique entre 2012 et 2018.

« Au cours de cette période, bien que la production de feuilles de tabac ait baissé de 13,9 % à l’échelle mondiale, elle a augmenté de 10,6 % en Afrique. Ces dernières années, la culture du tabac a progressé en Afrique en raison de l’existence d’un cadre réglementaire plus favorable aux activités de l’industrie du tabac et de l’augmentation de la demande de tabac », a-t-elle expliqué.

La transition vers des cultures de remplacement

Matshidiso Moeti pense que les gouvernements devraient accompagner les cultivateurs de tabac dans la transition vers des cultures de remplacement, en supprimant les subventions accordées à la culture du tabac et en consacrant les fonds ainsi épargnés à des programmes de substitution des cultures, « la finalité étant d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition ». « La substitution de la culture du tabac par des cultures vivrières nutritives peut contribuer à nourrir des millions de familles et à améliorer les moyens de subsistance des communautés agricoles en Afrique », a-t-elle précisé.

De telles initiatives, a-t-elle poursuivi, « permettent aussi de lutter contre la désertification et la dégradation de l’environnement, de sensibiliser les communautés de cultivateurs de tabac aux avantages dont ils peuvent bénéficier en renonçant au tabac pour se tourner vers des cultures durables, et de dénoncer les manœuvres entreprises par les producteurs de tabac pour empêcher l’accès à des moyens de subsistance durables dans la Région africaine ».

En outre, l’OMS œuvre de concert avec les États membres et d’autres partenaires pour aider les agriculteurs à passer de la culture du tabac à d’autres cultures. Cette initiative menée au Kenya ces deux dernières années a permis à plus de 2000 cultivateurs de tabac de se tourner vers des cultures de remplacement. Elle a permis de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, d’augmenter les revenus des agriculteurs, d’assainir les activités agricoles et de préserver l’environnement. D’après l’OMS, la mise à l’échelle de l’initiative est déjà en cours en Ouganda et en Zambie, et devrait être envisagée dans tous les pays producteurs de tabac en Afrique.

Enfin, les pays producteurs de tabac en Afrique ont été appelés à accélérer la mise en œuvre des articles 17 et 18 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, et les exhorter à promulguer des lois, à élaborer et à mettre en œuvre des politiques et des stratégies appropriées, et à créer des conditions favorables à la reconversion des producteurs de tabac vers des cultures vivrières, afin qu’ils puissent garantir, pour eux-mêmes comme pour leurs familles, de meilleures conditions de vie, sans pour autant nuire à l’environnement et à la santé des populations.

« Cette démarche permettra de cultiver, à la place du tabac, les denrées alimentaires dont nos populations ont besoin », a conclu la directrice régionale de l’OMS.

Yvette Reine Nzaba

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