Afrique : un tournant stratégique pour les investisseurs suissesMardi 24 Juin 2025 - 21:49 L'Afrique, forte de son dynamisme démographique et de son potentiel économique, attire de plus en plus l'attention des investisseurs globaux. Pourtant, de nombreuses entreprises suisses demeurent réticentes à s’engager pleinement sur le continent. Lors du Swiss-African business day organisé à Genève, des voix influentes comme celle du président de la Swiss-African business association, Michael Rheinegger, ont souligné : « Nous ne pouvons plus ignorer le potentiel de l’Afrique ». Cette déclaration résume un sentiment largement partagé parmi les décideurs présents, conscients que l’heure est venue de dépasser les hésitations. L'Afrique, continent le plus jeune au monde, voit 70 % de sa population avoir moins de 30 ans, une statistique qui ouvre la voie à une main-d'œuvre dynamique et à une innovation découlant d'une communauté jeune. En 2020, le Fonds monétaire international a estimé que quarante-quatre des cinquante pays à la croissance la plus rapide étaient africains, accentuant l’intérêt des investisseurs. Mais au-delà de la jeunesse, c'est la capacité d'innovation, illustrée par des entreprises technologiques florissantes comme Jumia et Flutterwave, qui devrait stimuler l'économie. « Africa Textile Renaissance » : un engagement concret Pour catalyser cette dynamique, un projet ambitieux, intitulé Africa textile renaissance, a été lancé avec un budget estimé entre 4 et 5 milliards de dollars. La Banque africaine d'import-export (Afreximbank) joue un rôle central dans ce financement. Ce projet vise non seulement à dynamiser le secteur textile, mais également à renforcer l’intégration économique régionale. Durant le Swiss-African business day, les experts ont mis en lumière comment ce projet pourrait transformer le paysage industriel africain. « Ce n'est pas qu'une question de textile. C'est la manière dont nous pouvons créer des millions d'emplois et stimuler d'autres secteurs », a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. Le lien entre politique et économie Cependant, les sociétés helvétiques doivent également naviguer dans un environnement politique complexe. De nombreux pays africains connaissent des instabilités politiques qui peuvent affecter l'investissement. Les décideurs présents à Genève ont discuté de l'importance de la gouvernance et du respect des droits humains pour assurer un climat d'investissement sûr. Une étude de la Banque mondiale de 2021 a révélé que la transparence et la bonne gouvernance augmentent la confiance des investisseurs. Ce qui souligne l’importance d’une approche multifacette de la part des investisseurs suisses. Vers un partenariat gagnant-gagnant La réunion annuelle à Genève témoigne de l'intensification des relations économiques entre la Suisse et l'Afrique, un partenariat qui pourrait s’avérer réciproquement bénéfique. Michael Rheinegger a insisté sur le potentiel d'une telle collaboration, expliquant que « les entreprises suisses apportent une expertise technique et une gestion de qualité, tandis que l'Afrique offre une opportunité de croissance inexploitée ». Au fil des années, les entreprises suisses, traditionnellement prudentes, pourraient envisager des collaborations avec des startups africaines, des initiatives en matière de durabilité et des projets d'infrastructure. Il est temps de transformer ces opportunités en actions concrètes qui viendront cimenter une alliance économique pérenne et fructueuse. Dans un contexte où l'Afrique promet une croissance phénoménale, les entreprises suisses ont tout à gagner à diversifier leurs investissements. Le Swiss-African business day a servi de plateforme pour renforcer les relations économiques, mais l'avenir dépendra de la volonté des investisseurs de franchir le pas et de s'engager avec le continent. Les jeunes générations d'Afrique ne sont plus seulement des consommateurs; elles aspirent à devenir des partenaires d’affaires de valeur sur la scène globale.
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