Conférence d’Alger : l’Afrique ouvre le procès du colonialisme et forge une stratégie continentale de réparationsMercredi 3 Décembre 2025 - 16:07 Alger a accueilli les 30 novembre et 1er décembre 2025 une conférence internationale sur les crimes du colonialisme, une première du genre sur le continent. Organisée sous l’égide de l’Union africaine (UA) et validée par la Décision 903(XXXVIII) du sommet d’Addis-Abeba, la rencontre marque un tournant : l’Afrique ne se contente plus de commémorer son passé colonial - elle entend désormais le qualifier, le documenter et en exiger réparation. Alger, capitale politique d’une justice historique africaine Le choix de l’Algérie est tout sauf fortuit. Nation profondément marquée par la colonisation et dont la guerre d’indépendance demeure l’un des conflits anticoloniaux les plus meurtriers du XXᵉ siècle, Alger retrouve le rôle de « Mecque des révolutionnaires » qu’elle occupait dans les années 1960. En accueillant cette conférence, le pays s’affirme comme pivot diplomatique d’une Afrique en quête de reconnaissance, de réparation et d’un nouveau rapport de forces avec les anciennes puissances coloniales. La Conférence ambitionne de dépasser le registre symbolique longtemps dominant dans le discours africain sur le colonialisme. Les débats, rassemblant ministres, juristes, historiens, experts caribéens et membres des diasporas, portent sur un chantier immense : codifier le colonialisme, l’esclavage, la ségrégation raciale et l’apartheid comme crimes contre l’humanité. L’un des objectifs décisifs du rendez-vous d’Alger est de forger une position africaine unifiée face aux anciennes puissances coloniales - France, Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, Portugal, Espagne, Italie. Jusqu’ici, les démarches étaient dispersées, rendant les revendications africaines vulnérables à la diplomatie bilatérale, souvent asymétrique. La Conférence vise donc à harmoniser les approches juridiques, structurer un argumentaire continental sur la spoliation économique, culturelle et environnementale, créer un mécanisme africain permanent des réparations, définir une stratégie commune sur la restitution des œuvres d’art. Les travaux doivent déboucher sur la Déclaration d’Alger, matrice continentale sur les crimes coloniaux. Le texte, soumis au sommet de l’UA en février 2026, pourrait devenir un référentiel pour la reconnaissance internationale des crimes coloniaux, la mise en place de dispositifs de réparation, l’ancrage du thème de la justice historique dans la diplomatie africaine. En ouvrant ce chantier politique majeur, Alger offre à l’Afrique une plateforme pour transformer un passé subi en levier diplomatique, et un héritage douloureux en agenda continental structuré. Noël Ndong Notification:Non |










