Afrique/Francophonie-Covid-19 : « Sans l’Afrique, la Francophonie disparaîtrait ! »,estime Jean-Louis Roy

Mercredi 23 Décembre 2020 - 12:15

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L'ancien patron de l'OIF plaide pour des investissements dans l'éducation, la culture et le numérique, à l'heure où l'Afrique doit produire son propre narratif et répondre aux besoins de sa jeunesse.

Jean-Louis Roy a été secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dans les années 1990. Il est conscient que le monde a changé, notamment au sein de la Francophonie et en Afrique. L’arrivée massive de l’Asie sur le continent africain a nettoyé tout cela et changé radicalement la donne pour la Francophonie. Il est cuirieux de voir le prochain sommet de l’OIF à Tunis, « La Francophonie est une organisation multilatérale de taille modeste qui souffre d’un mal commun à toutes les organisations multilatérales aujourd’hui : elles n’ont pas la faveur ni l’intérêt des États ».

Il se souvient de certains projets de l'Organisation, comme la création d’une chaîne de télévision mondiale en langue française ou un institut de l’énergie pour aider les pays à régler leur déficit énergétique. « Le monde a changé et dans ce monde l’OIF a du mal à s’adapter au fait que sans l’Afrique, elle disparaîtrait », constate-t-il.

Les inerties de l'OIF : l'espace pour les jeunes et le numérique

L'ancien patron de la Francophonie note des « inerties fortes » voire « une utilité limitée » de l'Organisation, qui a « du mal à se situer dans les changements du monde », menant deux grands dossiers actuellement, dont la création d'un espace pour les jeunes – en Afrique, par exemple, et la possibilité de créer un grand institut du numérique, un monde où l’économie, l’éducation, la santé, la gouvernance « se déplacent à grande vitesse par des formules numériques qui semblent miraculeuses mais qui ont une vraie force. L’OIF suit ce mouvement mais petitent, avec un manque d’ambition évident ».

L'ancien secrétaire de l'OIF rappelle que la langue française n’appartient pas à la France mais à tous ceux qui la parlent, et « des problèmes internes majeurs » de la France qui tente de reconstruire l’Europe, « tâche complexe et indispensable, tout en maintenant ce lien important avec la Francophonie ». Pour Jean-Louis Roy, « la France est le centre d’une Francophonie qui n’a pas de centre ». Après le cycle politique sous Abdou Diouf, il invite l'Organisation à investir dans l’éducation, un problème qu'il considère culturel, qui va aider des jeunes africains à apprendre le français à l’école.

A en croire Jean-Louis Roy, les trois plus grandes communautés d’internautes seront à la fin du siècle la Chine, l’Inde et l’Afrique.

« L’Afrique est en crise depuis trois siècles, depuis qu’on est venu la déstructurer. Elle cherche à se restructurer, ce qui est long et compliqué », a déclaré Jean-Louis Roy. Ajoutant : « pour les Africains, réussir dans le prochain ¼ de siècle est un immense travail et nous sommes quelques-uns à croire que ce travail est en train de se faire même s’il ne se voit pas et n’avance pas au même rythme partout ». Il souligne que les jeunes africains y croient et s’accrochent. « C’est compliqué de sortir du sous-développement dans lequel on a installé le continent, mais des gens y croient et y travaillent », rappelle-t-il.

Covid-19 : « les Occidentaux ont dit n'importe quoi sur l'Afrique »

Dans la pandémie actuelle, « les Occidentaux ont dit, comme souvent, n’importe quoi sur l’Afrique », regrette Jean-Louis Roy, notant que la pandémie n’a pas pris des proportions annoncées et les gouvernements ont pris des décisions qui ont permis à certains de s’en sortir. « Je peux vous renvoyer la question, qu’est-ce que réussir ? Est-ce répondre aux diktats de l’Occident ? », s'exclame-t-il.

Noël Ndong

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