Sanctionmania

Tel est aujourd'hui le marqueur des relations internationales : les puissants frappent à tour de bras les faibles qui essayent, à leurs risques et périls, à tort ou à raison, de ne pas s'aligner et de faire silence. Attention à eux car non seulement ils seront sévèrement touchés au portefeuille mais ils pourront en plus être exclus du marché des échanges des matières premières et mourir de faim.

C'est le triomphe du régime de la sanction systématique, une "Sanctionmania" dont on ne saurait pour l'heure mesurer toutes les conséquences qu’elle provoquera à l’échelle des nations. À tout le moins, elle déstructure les rapports entre les États, entre les ensembles régionaux et angoisse. La question de savoir si les États-Unis d'Amérique, les premiers de la classe en la matière, pourront vivre sans être affectés eux-mêmes par un effet de contrecoup des peines disproportionnées qu’ils imposent devrait être à juste titre posée.

Il est difficile d'imaginer Washington se priver de l'apport des autres nations alors que le pays de l'Oncle Sam est réputé être le carrefour, sans nul doute, la synthèse de la population mondiale. Y vivent et travaillent comme citoyens à part entière, comme résidents ou coopérants, des gens venus des quatre coins de la planète : Blancs, Noirs, Asiatiques, Métis, Indiens, forment ce peuple de toutes les couleurs qui développe ce pays rêvé.

Affirmer que les États-Unis n'ont pas le droit de se protéger des menaces qui pourraient les déstabiliser serait faire preuve de mauvaise foi parce que comme d’autres, ils doivent défendre leurs intérêts fondamentaux. Cela revient à dire qu'il est possible de penser une coopération internationale qui préserve les acquis. Y aurait-il partant un gardien immuable vers qui l'on devrait se tourner pour en garantir la pérennité ? Alors qu'il soit le plus irréprochable possible ! Mais c'est qui au juste ?

Les avancées scientifiques et technologiques des temps présents et antérieurs apportent à l'homme moderne les moyens de son épanouissement, elles lui donnent raison de croire en l'avènement d'un monde meilleur. Un monde qui ne signifie nullement la fin des clivages et des souffrances mais où par le dialogue et le partage, les humains surmontent les défis du vivre-ensemble.

Il y a tellement d’intelligences qu'il est incompréhensible de ne pas œuvrer à les mettre à contribution pour le bien de tous. Sur cette dernière considération, malheureusement, la logique semble s’éloigner. Pour la simple raison que la sanction du « récalcitrant » supposé se normalise et s'alourdit. Elle emprunte toutes les voies : politique, économique, diplomatique, culturelle, sportive et militaire.

Chaque jour que Dieu fait, l’on observe comment le concert des nations se prive volontiers des atouts de sa mise à l’abri de l’imprévisible. Dans un contexte où la course aux armements revient au galop de manière insidieuse, peut-on garder l’espoir que le moment venu, une force immanente, incorruptible, mettra un terme à ces tourments ? Sera-ce réalisable sans la volonté des terriens eux-mêmes ? On peut en douter.