Aide au développement : dénonciations unanimes de la réduction annoncée par Londres

Lundi 4 Janvier 2021 - 15:08

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Au moment où l’Organisation de coopération et de développement économiques appelle à « quadrupler » les financements essentiels consacrés à de nombreux projets, tout le monde est surpris de la décision du gouvernement britannique de vouloir diminuer cette aide, en raison de l’effet de la pandémie de Coronavirus sur les finances publiques. Et sans attendre, des voix continuent de s’élever contre ce changement, soulignant qu’il aura des conséquences navrantes sur de nombreuses personnes.

Le Royaume-Uni entend faire passer cette aide au développement d’environ 15 milliards de livres, avant la crise sanitaire, à 10 milliards de livres (soit de 17 à 11 milliards d’euros). Une décision qui est mal accueillie par beaucoup de citoyens, voire des pays et ONG, selon lesquels le ministère des Finances débloquait bien des milliards de livres pour d’autres postes de dépenses - notamment l'armée.

Réagissant à la décision britannique, plusieurs observateurs, dans les capitales occidentales et 187 associations, appellent le Royaume-Uni à préserver son aide au développement. « Au moment où 115 millions de personnes devraient tomber dans l’extrême pauvreté, il est temps d’avoir une réponse internationale et collaborative au sujet de la Covid-19 », insistent, dans une lettre ouverte, les dirigeants de ces organisations, dont Greenpeace UK et Save the Children. « C’est une période qui requiert du gouvernement britannique un engagement accru et non réduit, pour tenter de rendre le monde plus sain, plus sûr et plus prospère », ajoutent-ils. 

Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, joint sa voix à celles de nombreuses personnalités pour appeler le gouvernement britannique à préserver le budget de l’aide au développement qui pourrait être réduit à 0,5% du Produit national brut afin de combler les coûts liés à la pandémie. « La Covid-19 pourrait forcer 20 millions de filles de plus à quitter l’école. Pour qu'elles continuent à apprendre, nous avons besoin de dirigeants qui donnent la priorité à l’éducation. », souligne la jeune militante pakistanaise sur Twitter.

Réduire les programmes liés au soft power aggravera la pauvreté

En rappelant au Premier ministre, Boris Johnson, et au ministre des Finances, Rishi Sunak, leur engagement à maintenir 0,7% du PNB consacré à l’aide internationale, l’année dernière, elle dit espérer qu’ils tiendront leur promesse.

Au Royaume-Uni même, l’ex-ministre au Développement international, Andrew Mitchell, estime que la réduction de l’aide risque d’être responsable de « 100 000 morts, principalement chez des enfants, qui pourraient être évitées ». De son côté, Mark Sheard, le directeur de l’association World Vision UK, pense que par cette décision, le gouvernement « renonce à son droit de parler du Royaume-Uni comme une puissance mondiale qui pourrait guider le monde ».

Les anciens Premiers ministres britanniques, David Cameron et Tony Blair, préviennent qu’une baisse de 0,2 point, évoquée pour combler les coûts liés à l’épidémie de Covid-19, mettrait en péril le « soft power » britannique. « Abandonner l’objectif de 0,7% serait une erreur morale, stratégique et politique », dénonce David Cameron appelant Londres à tenir ses « promesses envers les pays les plus pauvres »

Au sein de la majorité conservatrice, certains parlementaires s’opposent à cette réduction.  « Dans certaines des régions les plus pauvres du monde, réduire nos programmes liés au soft power laissera des vides, ce qui aggravera la pauvreté et l’instabilité », déplore le député Tobias Ellwood, ajoutant qu’il est « probable que la Chine et la Russie étendent leur influence autoritaire », en prenant la place de Londres.

Le Royaume-Uni est le seul pays du G7 à consacrer 0,7% de son Produit national brut à l’aide au développement. Un objectif de l’ONU inscrit dans la loi britannique, que le Premier ministre, Boris Johnson, s’était engagé à maintenir dans son programme électoral. Malgré la baisse drastique de ce budget, l’aide britannique restera la deuxième plus importante, après celle de l’Allemagne.

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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